6:00
  • Copié

Chaque jour, Marion Lagardère scrute la presse papier et décrypte l'actualité.

Dans la presse ce matin, l’hommage unanime à Pierre Bellemare.

Un visage, son sourire, et son inévitable moustache blanche que l’on retrouve en Une du Figaro, du Télégramme, de la Dépêche du Midi, du Progrès, de Ouest-France, la Montagne et on en passe.

"Une histoire extraordinaire", titre le Parisien qui lui consacre ses deux premières pages et donne la parole notamment aux auditeurs :
"Il avait cette capacité à retenir notre attention, se souvient Pierre", "il savait nous captiver, ajoute Yannick, transmettre des émotions sans en faire trop", "et puis sa voix, note Tiphaine, moi c’est cette voix que je recherchais, son intonation, son rythme, sa façon rassurante de raconter les choses".

Parce que "Bellemare, c’était une voix, écrit Hervé Chabaud dans l’Union, une passion et des passionnés".
"C’était un marqueur français, écrit Laurent Bodin dans l’Alsace, rappelant que sa popularité était telle qu’il avait pu rivaliser dans les sondages avec un président de la République nommé de Gaulle".

Pierre Bellemare, "un conteur, un raconteur d’histoire, titre également La Provence, certains se souviennent même avoir appris à lire avec lui", écrit Olivier Tonneau dans son édito, notant qu’il a été célébré tout le week-end "sur les réseaux sociaux, autrement dit ce théâtre de l’impersonnel et du français approximatif".  

Et puis, s’il faut conseiller un article, c’est celui d’Elise Costa sur Slate.fr. Le site qui republie le récit de sa rencontre avec Pierre Bellemare en 2013.
Dialogue passionnant entre deux générations.
"Je lui explique qu’à mes yeux, l’une des raison de son succès, dit-elle, c’est qu’il ne mentait pas aux enfants, qu’il se mettait à leur portée et que grâce à lui nous pouvions appréhender les horreurs du monde. Pierre Bellemare l’admet volontiers : au fond, sa plus grande fierté est d’entendre un parent lui dire que c’est avec lui que son fis ou sa fille a lu un livre en entier".

Un beau portrait à lire sur le site Slate.fr, fait de confidences recueillies "au fin fond du Périgord, écrit Elise Costa, là où Pierre Bellemare s’était retiré ses dernières années".

Pierre Bellemare qui a donc tout fait ou presque. Et dont on mesure peut-être, indirectement, l’influence dans cet article du Monde : "pourquoi les parents équipent leurs enfants de smartphones ?"

Eh oui parce que pour répondre à cette question, les parents le disent sans ambages : la différence entre leur enfance et celle de leur progéniture, c’est que "la médiatisation des faits divers a explosé". De quoi se dire les "histoires extraordinaires" de Pierre Bellemare ne sont pas sans conséquence.
Car voilà, écrit Cécile Mordant "si les parents offrent généreusement des portables à leurs ados, c’est pour mieux les bombarder de textos, de « t’es bien dans le bus ?", "t’es où ? ", "tu fais quoi ?", "avec qui ?".

Très vite, note le Monde, "on passe du besoin de sécurité à l’apparition d’un sentiment anxieux, où l’on imagine le pire dès qu’un message ne vient pas. C’est ce qui est arrivé à Marie-Christine, dont la fille n’avait pas réactivé la sonnerie sur son portable. Pas de réponse pendant une heure, panique. "Il faut que je puisse la joindre en cas de problème", dit-elle.
Le "problème potentiel", cette menace qui revient dans l’argumentaire de tous les parents.
Claire évoque "les attentats du 13 novembre" comme élément déclencheur. Et Yves, les "faits divers".

"La rue est de plus en plus vue comme un espace dangereux, résume la sociologue Claire Balleys, et c’est cette une croyance populaire "qu’il y aurait plus de risque qu’avant" qui est responsable de la marginalisation des enfants dans l’espace public, de leur raréfaction.
Et puis c’est ce qui explique aussi que les jeunes passent plus de temps sur leurs smartphones, dit-elle, ils ont besoin d’être en contact les uns avec les autres, de se créer des parenthèses de libertés, dont on manque tous de plus en plus, enfants, parents, conjoints".

Un reportage qui dépeint assez bien les angoisses de notre époque, à lire donc dans Le Monde.

Et puis, s’il y a bien un sujet ce matin autour duquel l’angoisse monte, c’est la situation en Italie.

Et l’on retrouve exactement le même titre en Une des Echos et du Figaro : "l’Italie s’enfonce dans une crise politique majeure".
Le quotidien italien la Reppublicca résume les derniers rebondissements : "le Premier ministre Conte renonce à former un gouvernement, le président Matarella appelle Cotarelli, ancien cadre du FMI pour le remplacer et Luigi Di Maio, le leader du mouvement 5 Etoile invoque une mesure d’impeachment", en anglais dans le titre, autrement dit la destitution possible du président.
Le Corriere della Sera y ajoute "l’hypothèse de nouvelles élections en septembre".
"Car voilà, l’impasse n’a pas été surmonté, explique le correspondant de Libération à Rome, Éric Jozsef, le président de la république devrait en principe nommer un gouvernement provisoire, avant un probable retour à des élections législatives anticipées. Une perspective qui préoccupe l’opposition, dit-il, comme en témoigne cette petite phrase de l’ancien président du conseil Massimo D’Alema : "si l’on retourne aux élections, c’est simple, dit-il, la Ligue et le Mouvement 5 étoiles vont faire 80%".

"Une situation plus que périlleuse, résume La Stampa, la dérive que le pays doit à tout prix éviter".

Justement puisqu’on parle de "péril", "d’angoisse", de situation inextricable, c’est le thème qu’aborde Psychologies Magazine : les pistes pour "lâcher prise et faire confiance".

Quand on ne contrôle plus rien, quand tout part à vau l’eau et nous échappe, pourquoi ne pas "lâcher prise".
Bon, l’honnêteté commande de dire que ce dossier ne va pas résoudre la crise politique Italienne. En revanche, on trouve quelques idées pour aider les obsédés du contrôle à "lâcher prise" : entre autres, accepter les surprises, les imprévus, essayer de sortir de votre "personnage social", ou encore apprendre à simplement s’asseoir, fermer les yeux et écouter le silence.

Même type de conseils, au passage, dans Le Figaro qui vous invite lui aussi à "faire des pauses", "se retirer du tumulte ambiant s’impose, écrit Pascale Senk, que soit ce cinq minutes par jour ou une journée entière". Le Figaro qui rappelle ces mots de Pascal, revenus tout droit du 17e siècle : "tout le malheur des hommes vient d’une seule chose qui est de ne pas savoir demeurer en repos dans une chambre".

Pour ceux qui veulent quand même s’y essayer, vous pouvez vous poser tranquillement chez vous et écouter deux ou trois histoires extraordinaires de Pierre Bellemare, sans rien faire d’autre, ça marche très bien.