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Chaque jour, David Abiker scrute la presse papier et le web et décrypte l'actualité.

32 millions à l’Euromillion

On commence par cette citation de Jacques, employé de restauration Toulousain. Il vient d’empocher 32.676.834 euros à l’Euromillion. Que déclare cet employé dans la restauration au Parisien-Aujourd’hui en France et à la Dépêche du Midi ? "J’ai touché 32 millions mais j’en fais pas tout un plat". Et Jacques de raconter comment, en pleine nuit, il s’est réveillé dit-il à deux heures du matin pour aller aux toilettes et boire un verre d’eau. "Je n’arrivais pas à retrouver le sommeil alors je me suis dit tiens, je vais aller regarder les résultats de l’euro million. J’ai récupéré mes deux reçus. Sur le premier il n’y avait rien, sur le second un flash à 2,5 euros, j’ai d’abord remarqué deux bonnes étoiles, puis en regardant bien trois bons numéros, quatre et même cinq. J’ai bien ouvert les yeux. J’avais tout bon". Et Jacques mal réveillé vérifiera ensuite combien il a gagné sur le site de la Française des jeux. 32 millions. "Je n’ai pas réussi à me rendormir. Je n’ai pas eu besoin de m’asseoir, j’étais déjà dans mon lit". Il y a des matins comme ça. Quand quelqu’un parle d’argent, disait Audiard, à partir d’un certain nombre de zéro : tout le monde écoute.

Macron chasse le million de chasseurs

Le million de chasseurs qui sont autant d’électeurs. L’Opinion nous raconte ce matin l’opération séduction lancée par le Président depuis son arrivée au pouvoir. Le 25 juin prochain, le projet de loi réformant la chasse sera examiné en commission mixte paritaire avant une adoption prévue avant l’été. "Je serai le président qui développera la chasse", a promis le candidat Macron aux chasseurs en 2017. Il a tenu parole en contrepartie d’un permis de chasse passé en mai de 400 à 200 euros, les chasseurs assumeront de nouvelles responsabilités environnementales via leur fédération qui compte plus de 1.500 salariés et 1,2 million de licenciés. Depuis Mitterrand, note l’Opinion, on n’avait pas vu un président donner autant de gages aux chasseurs : visite surprise en pleine nuit, autorisation de chasser les oies sauvages en dépit de la directive européenne protégeant les oiseaux migrateurs et pas moins de quatre ministres présents à leur dernier congrès annuel. Résultat, le lobby est si bien disposé à l’égard du pouvoir que l’hiver dernier en pleine crise des Gilets jaunes, la fédération s’est fendue d’une lettre ouverte invitant les Gilets orange (le gilet que porte les chasseurs) à ne pas rejoindre les Gilets jaunes dans ce qu’elle a appelé un merdier. Reste à savoir si la chasse au million d’électeurs paiera. L’Opinion non sans malice conclut que les chasseurs peuvent rapporter de trois à cinq points lors d’une élection.

L’homme qui chassait les milliards de l’évasion fiscale

Le magazine Society ose faire sa Une sur un parfait inconnu, Pascal Saint-Amans (énarque, amateur de surf mais surtout patron de la division fiscale de l’OCDE) qui mène depuis 2008 une lente et opiniâtre bataille contre les paradis fiscaux. Il a son franc parler "Dire que les entreprises sont méchantes est débile mais si certaines se comportent comme des porcs - autrement si certaines abusent de l’optimisation fiscale et de l’évasion fiscale - c’est parce qu’on les a laissé faire". En quelques années et des centaines d’heures de négociations avec les États membres de l’OCDE, Saint-Amans est devenu l’un des visages de l’impôt mondial et a peut-être obtenu plus de résultat que les 28 États membres de l’Europe pour coordonner leurs politiques fiscales. Il a négocié l’échange automatique de données bancaires entre États. Fin janvier, 127 pays se sont engagés sur la création d’un impôt minimum mondial et une nouvelle architecture fiscale internationale obligeant les entreprises à payer l’impôt là où elles gagnent de l’argent. Pascal Saint-Amans n’y est pas pour rien. Il a tellement travaillé depuis 10 ans, tellement pris d’avions qu’il a récemment été la victime d’un gros coup de fatigue. "Quoiqu’il arrive en 2020, je me repose". Des cabinets fiscaux internationaux lui font les yeux doux pour le recruter "Ils m’offrent des millions encore des millions pour faire des conférences". Ses enfants lui disent "Papa pose ta cape de Zorro et va gagner des sous". Mais non ce ne sont pas les millions qui intéressent Pascal Saint-Amans, c’est tout simplement son travail et de changer les choses. Alors Chapeau Zorro.