À la Une : ces ministres qui partent "à la rencontre des Français" pour défendre leur bilan et mieux préparer l’avenir

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Chaque jour, Marion Lagardère scrute la presse papier et décrypte l'actualité.

Dans la presse ce matin, ces ministres qui partent "à la rencontre des Français" pour défendre leur bilan et mieux préparer l’avenir.

Grosse tournée promo du gouvernement à grand coup d’interview dans la presse quotidienne régionale.
Ainsi l’on trouve entre autre Gérard Collomb, ministre de l’Intérieur, dans le Progrès : "la France avance, les résultats sont là, sur la croissance, les emplois, les investissements, et en matière de sécurité, nous n’avons pas chômé, dit-il".
"Ce rythme doit être épuisant", lui lance le journaliste, plein de compassion.
"Je vous le confirme, d’ailleurs, je travaille trois fois plus que lorsque j’étais à Lyon", précise Gérard Collomb qui ajoute qu’il "restera autant que de besoin".
Voilà, bilan et perspectives d’avenir en Une du Progrès.

Et puis Bruno Le Maire répond également à la Dépêche du Midi.
Le porte-parole, Benjamin Griveau à Ouest France.
Jean-Baptiste Lemoyne, secrétaire d’État aux Affaires étrangères à l’Est Républicain.
Et Marlène Schiappa, chargée de l’égalité, à Midi Libre.

Tous jouent le jeu de la tournée de promo, tous sauf sauf Nicolas Hulot qui fait même l’inverse puisqu’il menace de quitter le gouvernement. Il affirme qu’il fera le bilan cet été.

Et son cas interroge beaucoup ce matin.
"Mais à quoi joue Hulot ?", demande le Parisien qui a questionné un bouquet de sources anonymes pour essayer de comprendre. Où l’on apprend qu’il est fâché contre Bercy, "je perds tous mes arbitrages", aurait-il confié à un proche. "Son cri du cœur, résume crûment un autre, c’est "arrêtez de m’emmerder"".

Et ce n’est pas la première fois qu’il se plaint. Souvenez-vous, "à l’automne déjà, il avait agité cette menace, rappelle Guillaume Tabard dans Le Figaro, et puis en mars dernier, à l’Assemblée mais, même revêtu du sceau de la sincérité, écrit-il, ces états d’âmes affaiblissent le gouvernement".
Et oui ! "La France peut-elle vivre au rythme des états d’âme de monsieur Hulot ?, enchaine Bruno Dive dans Sud-Ouest, (…) force est de constater qu’il parle plus de ses envies de partir que de sa politique, et d’écologie en général".
Dans l’Opinion, Rémi Godeau parle "d’une diva médiatique au blues surexposé (…) qui risque de finir en Narcisse inutile".

Brutal. Oui, mais à vrai dire, on ne trouve pas un édito ce matin pour approuver sa démarche.
"Hulot l’ingérable, Hulot le fragile, Hulot le populaire résume Cécile Cornudet dans les Échos, il arrive un moment où tout ça va cesser d’être touchant".

Comme aurait dit l’animateur, la suite au prochain épisode.

L’autre titre ce matin, c’est celui, retentissant, en Une du Monde : "comment la France maltraite ses vieux".

Le vocabulaire est dur, mais c’est ce qui ressort de l’avis du Comité consultatif national d’éthique "sur la façon dont sont considérées les personnes âgées".
Les plus de 75 ans sont plus de six millions, et représente 9% de la population française et pourtant.
25% vivent seuls,
50% n’ont plus de réseau amical,
40% n’ont pas ou très peu de contacts avec leurs enfants et, dernier chiffre, le taux de suicide atteint le double de la moyenne nationale.

Le Comité dénonce les placements forcés en Ehpad, la concentration des personnes âgées entre elles et même leur "ghettoïsation". Tout ça, écrit Le Monde dans un contexte de pénurie de personnel, de moyens et de rationalisation des soins.
"Les personnes âgées disent avoir le sentiment d’être une charge, rapportent les auteurs, d’être en trop, de n’être plus… Beaucoup se laissent mourir du fait du sentiment d’indignité".

"La France est-elle digne de ses anciens ? demande Maurice Bontinck dans la Charente Libre, telle est la question simple que nous pose ce rapport, elle touche au fondement même de toute société (…) mais ce que nous dit cette enquête, c’est que la nôtre de société n’a jamais autant considéré ses plus faibles comme une charge, quel que soit leur âge". 
"Voilà pourquoi il est essentiel que nous réapprenions à vivre avec nos grands seniors, ajoute Bertrand Meinnel dans le Courrier Picard, que l’on cesse de les mettre à l’écart, que ceux qui les accompagnent soient formés et mieux payés pour travailler dans des conditions décentes.
Nos réponses en diront long sur le devenir notre humanité. En oubliant pas qu’il s’agit aussi, dit-il, de nos avenirs individuels".

Et puis, à propos de prise en charge des plus faibles, il y a ce très beau portrait dans Ouest-France, autour d’un métier méconnu : biographe hospitalier.

Oui, portrait de Christine Desmonts, biographe hospitalière : "un métier pétri d’humanité", écrit la journaliste Anne Blanchard-Laize.
Reportage dans le service de soin palliatif de l’hôpital de Saint-Romain en Seine-Maritime, "assise au bord du lit, Christine remet à Elisabeth, 74 ans, un livre intitulé "une vie", autrement dit, le livre de sa vie.
C’est l’équipe de soin qui lui a proposé de rencontrer une biographe, elle a tout de suite accepté, écrit le journal, quatre entretiens ont été nécessaires pour coucher sur le papier les sept décennies de son existence.
Et depuis, l’angoisse d’oublier a disparu.
"Aborder l’ennui, le chaos de la maladie, les questions existentielles, parler de soi et de son histoire, explique Christine, tout ça permet de se dire qu’on a bien eu une vie, et qu’on peut la reconstruire au fil des mots, c’est un soin qui peut même guérir de l’envie de mourir. C’est pouvoir se dire, conclue-t-elle, qu’un pas de plus est encore possible".

Reportage à lire donc dans Ouest-France.

Enfin, puisque nous sommes jeudi, un mot sur les hebdos.

Surtout sur ceux qui essayent de regarder vers l’avenir, vers les signes positifs :
Challenges propose un dossier sur "les armes de séduction massives de la France : luxe, culture gastronomie et Macron". Tout ça avec une photo de l’actrice Léa Seydoux, ça fait sans doute plus glamour que notre président. L’hebdomadaire Politis, lui, s’emballe pour le renouveau de l’écologie politique : focus sur REV, le mouvement lancé par Aymeric Caron. Et puis l’Express fête ses 65 ans avec un numéro spécial : "ces 100 français qui nous inspirent". Alors ça va du chef Thierry Marx à l’astronaute Thomas Pesquet, de l’écrivaine Leïla Slimani à la boxeuse Sarah Ourahmoune, on trouve aussi le rappeur Kerry James, l’actrice Mélanie Laurent, le procureur de Paris, François Molins, la rabbin Delphine Horvilleur, le footballeur Kylian Mbappé, le PDG Emmanuel Faber et j’en passe 100 portraits "qui ne sont pas un classement, explique Guillaume Dubois, c’est juste cette envie de mettre en lumière des femmes et des hommes qui vont de l’avant. Des gens bien, pensons-nous, sachant, conclue-t-il, qu’il y en a des millions d’autres, fort heureusement". Effectivement, c’est réjouissant et inspirant et c’est à lire dans l’Express.

Enfin, comment, ce jour, ce matin, moi qui fais la "revue de presse", ne pas évoquer la Une de Libération ? Longue enquête sur le groupe Lagardère, "l’empire", comme dit le journal, et l’avenir entre autres d’Europe 1. Naïvement, j’ai bien demandé à Matthieu Noël s’il comptait en faire une petite boutade, ce à quoi, il m’a répondu qu’il allait plutôt "faire l’OM, c’est plus sûr". Philippe Vandel, qui fait les médias ? "Hum, non, il va faire la liste de Didier Deschamps". Pas bête. Et puis, finalement, tout bien mesuré, ce petit clin d’œil rentre relativement bien en résonance avec mon fil conducteur : "perspectives et espoirs pour l’avenir".