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"Le gouvernement qatari a dit que je pourrais rentrer chez moi fin octobre", assure Zahir Belounis.

Zahir Belounis, footballeur retenu au Qatar

Ses principales déclarations :

"Ils ne me paient plus, plus un centime depuis un an et demi ! En février 2013, je porte plainte : ils l'ont mal pris. Je demande mon exit visa pour rentrer, pour jouer en France. On me dit non ! "L'exit visa, on ne te le donne pas !" Ici, vous êtes parrainé par une personne ou une entreprise, ils ont le droit de vous donner grâce à cet exit l'autorisation de quitter le pays ou non. Vous imaginez bien que chaque employé au Qatar réfléchit à deux fois avant d'attaquer son employeur. Mon quotidien, je ne fais rien, je suis avec ma famille, mes filles, on attend un appel pour nous dire que les négociations ont permis d'avoir l'exit visa. De février à juillet, chaque mois, devant l'ambassade, le club dit : "Zahir, retire ta plainte, tu auras ton exit visa !" C'est clair."

"J'avais un peu d'argent de côté, mais ça commence à être dur, c'est la famille, les amis."

Sa femme, Johanna : "Psychologiquement, mon mari est fragilisé, avec des nuits blanches, un stress permanant, ça se répercute sur la famille, sur moi. Je suis en colère : le gouvernement n'est pas dérangé par l'idée qu'on puisse faire du chantage, ne pas respecter un contrat de travail, le faire à des Français sans que le gouvernement ne crie au scandale."

Pourquoi ne pas retirer votre plainte ?

"Je ne retire pas ma plainte ! Le Qatar dit qu'on est dans un état de droit ! J'ai déjà compris que je n'étais pas important pour le gouvernement Français. Le jour où je rentre, invitez-moi : j'ai d'autres choses à dire, je ne peux pas tout dire, je ne suis pas sorti."

Vous avez peur ?

"Bien sûr ! Je ne fais pas l'homme ! Si j'avais su, je ne l'aurais pas fait ! Mais où est la France ? Où est le gouvernement ? On me parle d'intérêts entre France et Qatar, de pays amis, mais j'ai une question : ça sert les intérêts des Français ou plutôt ceux des politiques Français ?"

François Hollande est venu en juin, vous l'avez vu...

"Quand on l'a rencontré, nous étions dans une petite salle, il y avait Manuel Valls et Laurent Fabius, en toute intimité. Vous vous retrouvez en face de ces trois personnes qui vous disent : "On va leur parler, faire en sorte que ça s'arrange." Ils ont bien compris ma situation, que je n'avais rien fait. François Hollande était très bien, j'ai vu de la compassion dans ses yeux. Mais quatre mois plus tard, rien n'a changé ! Mais j'y ai cru ! L'ambassade de France négocie, mais négocie de quoi ? Mais si je n'ai pas d'argent, comment je fais pour manger ? J'entends parler de pays amis : s'ils sont amis, ce problème devrait être facile à régler !"

"Depuis une semaine, les négociations avancent bien, on nous promet, le gouvernement qatari a dit de manière officielle à l'ambassade de France que je pourrais rentrer chez moi à la fin du mois."

Que vous inspire le PSG made in Qatar qui triomphe en France ?

"Je suis choqué. J'ai vu des choses terribles ici, des pères de famille les larmes aux yeux appeler à l'aide, on parle de PSG, de Zlatan Ibrahimovic, ils touchent des millions, tout le monde applaudit... La réalité : des gens souffrent. Le PSG, qu'il perde, qu'il gagne, c'est le dernier de mes soucis. Je veux rentrer chez moi. Il y a un silence autour de cette affaire : je suis bien content de pouvoir m'exprimer sur Europe 1, que les choses bougent. Je le dis haut et fort : je suis fier d'être Français. Mais le gouvernement Français me déçoit."