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"C'est une lente dégringolade depuis 20 ans maintenant", affirme Dimitri Casali qui dénonce le collège unique.

Dimitri Casali, historien et spécialiste de l’enseignement de l’Histoire.

Ses principales déclarations, face à Thomas Sotto :

 

Le classement PISA sera publié demain, il devrait encore être mauvais pour la France...

"Ça ne me surprend pas ! C'est une lente dégringolade depuis vingt ans, depuis le collège unique et le bac à 80%. Il y a différents facteurs structurels, sociétaux, par rapport aux pays asiatiques qui sont loin devant nous. Ils ont un rapport à l'autorité, à la discipline, un respect du professeurs hors du commun comparés à la France. Même nos hommes politiques font de la désobéissance civile, les Bonnets rouges, etc. Comment voulez-vous que les élèves respectent leurs professeurs ?"

On assiste à la faillite d'un système en France ?

"Il y a un facteur structurel : l'aberration du collège unique ! Vouloir mener toute une classe d'âge, 80%, au baccalauréat... C'est complètement hallucinant ! Il faut beaucoup plus d'autonomie, comme en Finlande ou en Nouvelle-Zélande qui ont une autonomie totale pour pouvoir prendre en charge les élèves les plus défavorisés. J’ai été professeur en ZEP, je vois bien que les programmes ne peuvent pas accueillir ces jeunes qui parlent à peine le Français, c'est totalement inadapté. Il faut réformer, mettre à plat."

On ne peut toucher à rien dans l'Education Nationale...

"Il faudrait une réelle volonté politique, du courage... Notre pays en manque. 30% des jeunes diplômés partent à l'étranger ! 17% des jeunes croient en l'avenir de leur pays ! Un rapport totalement inversé en Chine ou aux USA, qui croient en leur pays."

On sacrifie des générations ?

"Tout à fait. On prend un retard terrible. Après le PISA 2000, l'Allemagne a réagi, a pris des mesures draconiennes et rattrape son retard. En France, on fait l'autruche : immobilisme et laxisme minent la société française depuis des années."

Le PISA est critiqué...

"On ne peut pas comparer la Finlande, 5 millions d'habitants, et la France... C'est plus complexe chez nous. Mais en mettant fin au collège unique, en prenant des mesures courageuses pour favoriser les élèves en difficulté, et privilégier les élèves-locomotives... L'excellence n'est plus récompensée ! Il n'y a plus d'élite."

Quelles réformes proposez-vous ?

"Le travail professionnel, l'apprentissage, doit être revalorisé. C'est un des facteurs qui a sorti l'Allemagne de la dégringolade. On a besoin de plus de mains que de cerveaux. Les syndicats ont du mal à l'entendre, on est dans l'idéologie : aucune réforme du statut des fonctionnaires de l'Education Nationale depuis 63 ans !"

Que dites-vous à Vincent Peillon, aux syndicats de profs, aux parents d'élève ?

"Un peu de courage ! Une réelle volonté politique, essayer d'avancer, prôner une politique ferme, n'avoir peur ni des syndicats ni des parents d'élèves. Un leader qui puisse sortir l'Education Nationale avec des mesures fortes, comme l'avait fait Jules Ferry, qui a porté l'école française au rang de meilleure du monde."