"Investir, innover, former" : comment sauver l'agro-alimentaire

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SAISON 2013 - 2014, modifié à

La filière porcine en Bretagne est en grande difficulté. "On essaye de voir comment la relancer", promet Guillaume Garot.

Guillaume Garot, ministre délégué à l’Agroalimentaire

Ses principales déclarations :

 

La Bretagne brûle. Comment éteindre l'incendie ?

"En agissant, ce que nous faisons depuis 18 mois. Il y a souffrance des familles, des salariés, des habitants du Nord-Finistère, c'est d'abord à cette souffrance que nous voulons répondre de façon très concrète."

A 7h45, Nadine Hourmant disait sur Europe 1 que les politiques ne font pas leur travail...

"J'entends bien sa détresse, son angoisse très profonde. Nous avons eu plusieurs rencontres, je me suis rendu dans le Finistère, nous cherchons de vraies solutions. Mais nous savons que la situation de la filière porcine est complexe, avec une baisse de la production qui met en fragilité tous nos abattoirs."

 

Il y a en a dix. Y'en a t-il trop, si on est honnête ?

"Si on est honnête, on essaie de voir comment on peut relancer la filière porcine, c'est ce que nous faisons avec Stéphane Le Foll".

Face à la mondialisation, il faut innover, investir, parfois fermer une pour rationnaliser, sauver l'autre...

"Vous conviendrez que c'est une rationalisation à la hache. On ne peut pas se satisfaire de ce qui se passe aujourd'hui : des salariés, des familles sont en cause."

La Bretagne : tout est en crise. L'automobile avec PSA, les télécoms avec Alcatel et le site de Rennes qui va relancer Lannion...

"C'est la raison précisément de cette réunion autour de Jean-Marc Ayrault."

La Bretagne subit la concurrence des pays émergents et de l'Allemagne, qui paie deux fois moins cher les salaires des roumains et bulgares...

"Je vous rejoins complètement là-dessus."

Demandez-vous à Mme Merkel la création d'un salaire minimum ?

"C'est aux allemands de régler cette question du salaire minimum. Mais ce que nous faisons : hier Michel Sapin était à un conseil européen sur cette question de la directive détachement des travailleurs pour encadrer, réécrire cette directive qui créée une distorsion de concurrence, en particulier au détriment de nos abattoirs porcins en France..."

Des milliers de porcs quittent la Bretagne en camion pour être abattus en Allemagne...

"C'est la raison pour laquelle il faut restructurer la filière porcine mais ça ne se fait pas d'un coup de baguette magique. Ca se fait sur du moyen terme : c'est ce que nous faisons. Mais d'abord répondre à l'urgence sociale, c'est le sens de cette réunion..."

Allez-vous maintenir au moins un an les salaires de ceux qui sont affectés par ces secousses sociales ?

 

"La réponse est claire, c'est oui, à travers le contrat de sécurisation professionnelle. Ca veut dire qu'on maintient quasiment 100% du net pendant un an, avec une aide à la formation, à la recherche d'emploi, pour de vraies reconversions, permettre aux salariés de rebondir."

 

Le sénateur François Marc réclamait sur Public Sénat une plateforme spéciale pour le Finistère...

"C'est une proposition parfaitement intéressante mais j'ajoute ceci : depuis la semaine dernière, j'ai pris mon téléphone pour appeler de grandes entreprises de la filière alimentaire, voir avec elles comment elles pouvaient offrir des reclassements à ces salariés de Gad. C'est concret, ces reclassements vont permettre d’offrir de vraies perspectives."

Demanderez-vous aux banques d'accepter un moratoire ?

"Tous les leviers seront actionnés. Evidemment, s'il est possible que les banques nous aident, nous allons les solliciter, ça va de soi. Au delà de ça, il y a l'urgence qu'il faut traiter mais aussi des perspectives qu'il faut ouvrir pour la Bretagne et l'agroalimentaire en Bretagne, parce qu'on voit aujourd'hui ce qui ne marche pas. Nous travaillons depuis des mois pour relancer ces filières. Mais il y a aussi des filières qui marchent, qui marchent très bien en Bretagne : 60.000 emplois pour l'agroalimentaire en Bretagne."

 

Le système actuel, production à tout-va, n'est-il pas obsolète ? Ne faut-il pas encourager à long terme les entrepreneurs de l'agroalimentaire à se reconvertir vers des produits de haute valeur ajoutée ?

 

"C'est précisément là-dessus que nous travaillons. Il nous faut produire plus et produire mieux. Ca vaut pour la partie agricole, c'est tout le travail conduit par Stéphane Le Foll sur l'agro écologie, et ça vaut pour l'agroalimentaire : monter en gamme, davantage de valeur ajoutée, c'est ainsi que l'on maintiendra et créera des emplois"

Comme en Lorraine, le gouvernement peut-il appliquer à la Bretagne un même plan d'urgence de développement global de l'économie bretonne ?

"Oui, la réponse est oui ! C'est bien le sens de cette réunion de travail autour du Premier ministre ce midi, à la fois l'urgence et ouvrir de nouvelles perspectives."

Le gouvernement a décidé une écotaxe poids lourd applicable au 1er janvier en principe. Tollé en Bretagne. Pourriez-vous la reporter ?

"Ce n'est pas à l'ordre du jour. Mais ce qui est vrai : nous avons procédé à adaptations et aménagements pour tenir compte de la situation périphérique de la Bretagne. Des dérogations ont d'ores et déjà été mises sur la table, elles ont été présentées. Nous regardons tout ce qu'il est possible de faire, car il faut redonner confiance, espoir à la Bretagne."

 

Surtout qu'elle a voté à gauche... Avec le FN...

"Ce n'est pas une question électorale, politicienne. C'est la question de l'avenir de la Bretagne, pour les bretons."

Dans le Figaro, on parle de gangs spécialisés qui volent chez les agriculteurs...

"Nous prenons la question très au sérieux. Stéphane Le Foll avec Manuel Valls prépare des mesures pour répondre à ce qui est inacceptable évidemment."