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SAISON 2013 - 2014, modifié à

Le président de l'UMP est revenu sur la position de son parti face au Mariage pour tous.

Jean-François Copé, président de l’UMP et député-maire de Meaux

Ses principales déclarations :

 

En mai dernier, vous défiliez à la Manif pour tous. Vous étiez absent hier. Pourquoi ?

"J'avais dit en mai dernier, pendant la discussion du texte à l'Assemblée, que c'était, pour ce qui me concernait, la dernière fois que je manifesterais : mais pour autant, que les choses soient très claires, ce qui s'est passé hier est extrêmement important, une nouvelle fois. Le sujet n'est pas ma présence ou non : ce qui compte en réalité, c'est de voir qu'il y a derrière tout cela un très profond malaise dans notre pays par rapport à la question de la famille."

 

Que vous comprenez ?

"Non seulement je le comprends..."

Vous soutenez les manifestants d'hier ?

"...mais je ne cesse de le dénoncer parce que se multiplient depuis 20 mois non seulement des ambiguïtés on ne peut plus choquantes de la part du gouvernement, en particulier sur le fait de savoir si oui ou non la théorie du genre, c'est à dire la négation de l'altérité sexuelle, fonde une partie de ses actions. Mais aussi les attaques récurrentes à la politique familiale, je pense à la remise en cause d'innombrables avantages fiscaux."

Vous parleriez de familiphobie ?

"Je pense que malheureusement ce gouvernement est mû par une idéologie : on le voit dans de très nombreux documents. Ce qui, moi, me trouble : je suis très choqué de voir que le gouvernement est dans le déni de réalité face à l'indignation du pays."

 

Vous parlez de familiphobie ?

"En tout cas, de mesures qui s'accumulent contre les familles et contre surtout la politique familiale française, un des plus grands succès reconnu en Europe. J'ai emmené un document intéressant : une convention interministérielle pour l'égalité entre filles et garçons dans le système éducatif 2013-2018, signée par cinq ministres - ce n'est pas rien - dont Vincent Peillon, Mme Vallaud-Belkacem, Stéphane Le Foll... Dans lequel on y lit : "Les savoirs scientifiques issus des recherches sur le genre, les inégalités, doivent nourrir les politiques publiques mises en place pour assurer l'égalité effective." Quand vous voyez des textes comme cela, et ça nous renvoie au rapport sur l'intégration il y a quelques mois, que nous avions dénoncés, on comprend que l'idéologie est omniprésente dans l'action gouvernementale."

 

Sauf que Najat Vallaud-Belkacem dit que les manifestants se battent contre des combats imaginaires... Sur PMA/GPA, le gouvernement est très clair...

 

"Vous avez compris que le gouvernement vient d'être pris la main dans le sac !"

Ça n'a jamais été dans les propositions de François Hollande...

"Ah bon ? J'ai retrouvé un document dans lequel François Hollande était extrêmement ambigu sur la question pendant sa campagne en avril 2012".

L'ambiguïté n'est pas une affirmation... L'UMP est ambiguë aussi : ceux qui manifestent, ceux qui ne manifestent pas, soutenir sans participer. Où est la ligne de l'UMP ?

"La ligne de l'UMP est extrêmement simple. Elle consiste à dire : arrêtons de toucher au socle de la politique familiale qui a été depuis des décennies dans un consensus national qui dépassait la droite et à gauche, de dire : "On doit aider Françaises et Français qui veulent fonder une famille, pouvoir le concilier avec leur vie professionnelle avec des aides fiscales, la possibilité d'employer des gens qui les aident à domicile, plus une politique familiale qui vise à respecter les convictions de chacun." Depuis 20 mois, de ce point de vue, c'est un démantèlement systématique de tout ce qui a fait un des fondements de la République."

Croyez-vous le gouvernement quand il dit qu'il n'y aura pas de PMA/GPA ? Valls s'y engage, la ministre de la Santé s'y engage...

"Je ne sais pas, Mme Bertinotti dit dans la même phrase qu'il pourrait y avoir un amendement parlementaire... Ça prouve quand même quelque part que tout n'est pas si clair concernant la PMA ! Je voudrais aller plus loin. Je suis scandalisé, je le dis en pesant mes mots, par la manière dont ce gouvernement, M.  Valls en est la tête de pont en ce moment, essaie de faire systématiquement le lien avec l'extrême droite ! C'est inacceptable ! L'UMP, qui est un parti profondément républicain, qui n'a jamais fait d'alliance et n'en fera jamais avec l'extrême-droite, qui n'a aucun lien d'aucune sorte... Tandis que la gauche au gouvernement n'est au pouvoir que parce qu'elle a fait une alliance électorale avec l'extrême-gauche... La tentative permanente de M. Valls de vouloir faire croire aux Français et aux médias qui, je dois dire, embrayent le pas avec une aisance qui commence à devenir franchement anti-démocratique, je le dis comme je le pense... On doit entendre les deux partis ! Pas seulement la gauche !"

 

Vous êtes là ce matin...

"Oui mais ça vous y êtes obligé par la loi, c'est un coup de chance ! Mais je ne vous mets pas en cause personnellement... Mais je voudrais que l'on arrête de considérer comme tout à fait fondée cette mise en cause et cet amalgame avec l'extrême-droite qui n'a rien à voir..."

"La semaine dernière, il y avait Jour de colère. La semaine dernière, il y a eu des manifestations à caractère antisémite et raciste scandaleuses, je les ai condamnées comme tous mes collègues et amis de l'UMP, ce qui était normal. Je note d'ailleurs qu'à cette heure je n'ai aucune information pour savoir s'il y a eu ou non des arrestations face à ces actes et comportements racistes et antisémites. Hier, rien à voir avec tout cela ! Rien ! M. Valls a fait une interview chez un de vos confrères où il a osé expliquer que nous étions dans le climat des années 30, alors que ça n'a rien à voir avec les années 30 ! Au point d'ailleurs que ceux qui l'interrogeaient ne lui ont pas même pas parlé de son bilan catastrophique en matière d'insécurité, ce qui est quand même un comble !"

 

Ce n'était pas le thème de l'interview...

"C'est dommage, car les résultats en question, très mauvais en matière de délinquance, c'était deux jours avant..."

Vous diriez qu'il est "ivre de lui-même", comme l'a dit Florian Philippot ?

"Non... Pourquoi vous me posez la question par rapport à un leader d'extrême-droite avec lequel je n'ai aucun lien ? Ce n'est pas mon sujet."

Parce que vous êtes très critique concernant Manuel Valls...

"Comme beaucoup d'autres ! Je vous dis très simplement qu'il est inadmissible que le ministre de l'Intérieur de ce gouvernement ose mélanger avec l'atmosphère des années 30 qui était une atmosphère épouvantable, des centaines de milliers de gens qui appartenaient à des ligues extrémistes qui voulaient renverser la République, nous ne sommes pas du tout dans ce contexte... Nous sommes là dans un gouvernement défaillant en matière économique, en matière de lutte contre l'insécurité, contre l'immigration clandestine... Et qui toutes les semaines nous invente des nouveaux sujets qui viennent déstabiliser la société française..."

Ce gouvernement est encore légitime ?

"Le Président est élu au suffrage universel, le problème n'est pas sa légitimité mais ses résultats. Qui sont catastrophiques."

La semaine dernière, vous demandiez la démission de Michel Sapin après les chiffres du chômage... Le député Guillaume Larrivé a mis en cause la légitimité du Président...

"Je trouve que l'émotion est vive pour pas grand-chose ! Quand je vois la façon dont Nicolas Sarkozy et beaucoup d'entre nous ont été copieusement insultés pendant cinq ans... Là il n'y a pas d'insulte, simplement le fait de dire : "Attention ce gouvernement est totalement coupé de la réalité du pays et ne se rend pas compte de la colère des Françaises et des Français face à tout cela." Nous attendons ce gouvernement sur le chômage et l'insécurité et nous le trouvons sur des textes, des intentions et des politiques qui viennent inquiéter les familles au lieu de rassurer les Français. Une dernière chose : vous m'interrogiez sur notre participation aux manifestations. La prochaine grande manifestation, ça s'appelle l'élection municipale. Ça doit être l'occasion pour les Français de dire stop à François Hollande. Non pas en votant pour les extrêmes, ce serait encore un coup de main pour eux. Non pas en votant pour le Parti Socialiste, ce serait un coup de main pour la gauche.  Mais en votant pour nos candidats de l'UMP dans toutes les villes : ce sera un vrai désaveu pour François Hollande."

Vous pouvez même faire votre campagne électorale sur Europe 1...

"Je regrette que vous banalisiez un peu cela. Ce n'est pas une campagne électorale. La campagne électorale, elle est au sens noble du terme : elle est de dire aux Français "Vous avez pour la première fois depuis 20 mois l'occasion de vous exprimer". Il y a un moment où chacun doit le comprendre."

Henri Guaino hier : pas question que Nicolas Sarkozy se soumette à une primaire s'il décidait de revenir. Vous êtes d'accord ?

"Je pense que ce n'est pas le débat d'aujourd'hui. Les Français attendent aujourd'hui de l'UMP ce que nous faisons : présenter un projet, ce que nous avons fait il y a une semaine."

Henri Guaino semble penser que la primaire est le sujet d'aujourd'hui...

"Où est le drame ? Ce n'est pas le problème. Ma réponse c'est qu'il n'y a pas un Français qui s'angoisse pour savoir quel sera la situation de la primaire à l'UMP en 2017... Le sujet de 2014 : quelles sont les propositions de l'UMP pour les Français ? Elles reposent sur trois idées simples : la liberté économique, rétablir l'autorité de l'Etat ô combien défaillante, remettre de l'égalité des chances, des droits et des devoirs dans un pays qui a absolument besoin aujourd'hui d'un message."