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Chaque jour, Anicet Mbida nous fait découvrir une innovation qui pourrait bien changer notre façon de consommer. Ce mercredi, il s'intéresse à une nouveauté qui pourrait être utile dans le secteur de la mode. Après le cuir végétal, il s'agit de vrai cuir cultivé en laboratoire.

Dans sa quête de durabilité et d’éthique, la mode fait de plus en plus appel à du cuir végétal. Une nouvelle alternative pourrait changer la donne : du vrai cuir cultivé en laboratoire.

C’est exactement le même principe que la viande de culture : on part de cellules de peau animale, que l’on cultive et qu’on laisse se développer dans une éprouvette pour obtenir un cuir avec exactement les mêmes caractéristiques que s’il avait été prélevé chez un animal. Donc, la même texture, la même odeur et surtout, la même résistance. Car il existe aujourd’hui beaucoup de cuirs végétaux : du cuir d’ananas, de raisin, de champignon, de cactus… Mais c’est du cuir Canada Dry. Il ressemble à du cuir, mais il n’a pas du tout la même longévité.

Il s’agit même du vilain petit secret de ces cuirs végétaux : pour doper leur résistance, la plupart sont obligés d’y incorporer du polyuréthane (une sorte de plastique). Ce qui est un comble pour des produits censés être, à la fois, durables et biodégradables.

Mais qu’en est-il du coût ? Parce que la viande de culture, elle coûte une fortune.

Oui ! C’est très cher. D’autant que la technique n’est pas encore industrialisée en volume. Vitrolabs, les pionniers en la matière, sortent à peine leurs premiers échantillons. Mais les coûts pourraient baisser plus rapidement que ceux de la viande. Car le processus est finalement assez proche de celui sur lequel on s’appuie pour cultiver des greffes de peau des grands brûlés. On a donc déjà pas mal d’expérience dans le domaine. Autre intérêt : la fabrication dure entre trois et quatre semaines. Alors qu’il faut plusieurs années d’élevage pour avoir la même surface de peau chez un animal. Les géants du luxe l’ont bien compris, puisque le groupe Kering (Gucci, Saint Laurent, Balenciaga) vient d’investir dans la startup Vitrolabs.

Étonnant, pourquoi des marques de luxe ?

Parce que la technique permettra de produire un cuir dont la qualité peut être maîtrisée dans ses moindres détails. Et comme il s’agit de vrai cuir, il pourra être travaillé avec les méthodes traditionnelles de ses artisans. Enfin, au passage, ils pourront se targuer d’avoir des produits durables, qui n’encouragent pas la déforestation et qui préservent le bien-être animal. Or pour certains consommateurs, c’est devenu primordial.