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Anicet Mbida nous livre chaque matin ce qui se fait de mieux en matière d'innovation. Ce mardi, il s'intéresse aux fusées qui font leur transition énergétique.

L’innovation du jour, ce sont les fusées qui, après les voitures, font leur transition énergétique. Le premier engin spatial "zéro émission" vient de réussir sa mission.

Une mission de l’agence spatiale japonaise. Il s’agissait d’un satellite qu’il fallait positionner parfaitement sur son orbite en utilisant uniquement de l’eau comme carburant et des jets de vapeur comme propulseur. Le principe de fonctionnement est assez simple : c’est celui de la cocote-minute. On fait chauffer de l’eau avec de l’électricité. Puis on l’éjecte sous pression dans des tuyères pour faire avancer le satellite. C’est la première fois que l’on utilise de l’eau comme carburant. Jusqu’ici, c’était plutôt de l’hydrazine, un produit chimique, ultra toxique et explosif. Une belle avancée donc… Même si, pour l’instant, c’est pour un engin qui se déplace tout là-haut dans l’espace. La prochaine étape sera de faire décoller une fusée depuis le sol, là où cela pollue le plus et où la moindre fuite de carburant peut avoir des conséquences dramatiques. On se souvient de l’explosion de la navette Challenger au décollage, par exemple.

C’est possible de faire décoller une fusée avec de l’eau ?

A priori oui. Des fusées à eau, on en fabrique régulièrement dans les écoles et les centres de loisirs. C’est comme cela que l’on apprend le principe de réaction. Mais l’enjeu est d’arriver à faire décoller un lanceur de plusieurs tonnes. On n’en est plus très loin. La société Arca Space a fait la démonstration d’une première fusée à eau, l’EcoRocket. Et ça marche ! Leur fusée ne rejette que de la vapeur d’eau, alors que les fusées actuelles éjectent des tonnes de gaz toxiques et cancérigènes. Une pollution équivalente à celle d’un million de voitures. Sans parler des risques d’explosion. C’est pour cela qu’il y a toujours un périmètre de sécurité de plusieurs kilomètres autour des sites de lancement.

Et on pourrait lancer des satellites avec ce type de fusées ?

Non, pas pour l’instant. On est incapable d’atteindre l’orbite uniquement avec de l’eau. Il faudrait des réservoirs beaucoup trop gros, beaucoup trop lourds. Ce seront donc des fusées hybrides avec des propulseurs à eau pour le décollage qui passent le relai à des boosters classiques hydrogène/kérosène. La pollution serait tout de même réduite de 30%. Et surtout, on gagnerait énormément en sécurité. Car une fuite d’eau chaude sera toujours plus facile à gérer qu’une fuite de kérosène ou d’hydrogène.