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Didier François revient chaque matin sur un évènement international au micro d'Europe 1 Bonjour.

Des frappes auraient eu lieu cette nuit contre un aéroport militaire syrien, riposte à une nouvelle utilisation ce week-end d’armes chimiques contre les derniers rebelles de la Ghouta. 

La situation est à cette heure encore extrêmement confuse, nous allons essayer d’y voir un peu plus clair. 

D’abord les faits : on l’a appris à six heures ce lundi matin, plusieurs explosions ont détruit un aéroport militaire dans le centre de la Syrie. Damas accuse les États-Unis d’être à l’origine de ces frappes qui auraient fait plusieurs morts parmi ses troupes mais Washington dément tout bombardement.

La situation reste extrêmement confuse, pas ou peu d’informations. Et c’est évidemment le contexte qui permet de penser que ce sont bien des frappes américaines qui ont eu lieu ce lundi matin à l’aube, peut-être d’ailleurs en coopération avec la France. Bien que, pour l’instant, on observe le même silence radio à Paris sur un possible engagement aux côtés des Américains qui était très sérieusement envisagé depuis dimanche soir.

Rappelons que l'alerte avait été lancée samedi par les médecins et les secouristes où l'aviation du régime syrien aurait bombardé la dernière poche tenue par les rebelles dans la Ghouta avec des armes chimiques.

Des familles entières auraient péri par suffocation, étouffées dans les sous-sols où elles avaient trouvé refuge. On parle de 40 à 80 tués parmi les civils. Ce qui a provoqué une réaction extrêmement vive de Donald Trump qui a dénoncé "une attaque chimique insensée", ce sont ses termes et ils n'ont jamais été aussi durs. Surtout, le président américain ne semblait avoir guère de doute sur la réalité des faits dénoncés par la rébellion syrienne malgré les très fermes démentis du gouvernement syrien et de la Russie. Donald Trump s'en est d’ailleurs pris d'ailleurs nominalement à Vladimir Poutine, dénoncé comme "responsable du soutien à l'animal al-Assad". On est très loin des formules diplomatiques. Et il avait terminé son tweet en menaçant très clairement de représailles puisqu'il assurait que "le prix fort sera payé".

C’est donc ce qui fait penser à  une intervention occidentale cette nuit ?

Tout à fait, d’autant qu’il a immédiatement été question d’une frappe coordonnée au niveau international, particulièrement avec la France. Puisque, rappelez-vous, le président Emmanuel Macron a lui aussi fixé une ligne rouge au régime syrien sur l'emploi des armes chimiques. La France est désormais dotée de ses propres missiles de croisière et a déjà envisagé une riposte commune planifiée avec l'État-major américain. Elle en a la capacité militaire et le ministre des Affaires étrangères, Jean Yves Le Drian, a publié hier un communiqué tout à fait clair qui rappelle que "la France assumera toutes ses responsabilités".

Mais les États-Unis assurent n’avoir mené aucune frappe aérienne en Syrie ?

Ce qui peut être vrai d’un point de vue sémantique. Si l’on considère que l’utilisation de missile de croisière n’est pas à proprement parlé un bombardement aérien avec des avions. Mais, il y a tout juste un an, le président américain avait déjà ordonné le tir de 59 missiles de croisière contre une base aérienne en représailles à une attaque chimique dans la province d'Idlib. Les Israéliens ont également frappé cette même base il y a seulement deux mois. Les Occidentaux sont peut-être en train de rendre à Bashar al-Assad la monnaie de sa pièce puisqu’à chaque fois qu’il utilise une arme chimique, il jure qu’il ne l’a pas fait. On en saura plus à 15h30 puisque se réuni, à New York, une session d’urgence du Conseil de sécurité de l’ONU.