3:04
  • Copié
, modifié à

François Clemenceau revient chaque matin sur un événement international au micro d'Europe 1 Bonjour.

Pourquoi le sommet sur la Corée du Nord ne va plus de soi ?

Le chef de la diplomatie américaine a indiqué hier que la rencontre entre Donald Trump et le nord-coréen était toujours maintenu la semaine le 12 juin à Singapour mais le président parait beaucoup plus vague. 

On a l’impression d’assister en fait à une partie de cache-cache entre les États-Unis et la Corée du Nord. Tout a commencé lorsque le nouveau conseiller à la sécurité nationale John Bolton a expliqué que le modèle qu’il avait en tête à propos de la dénucléarisation de la Corée du Nord, c’était la Libye du colonel Kadhafi, lorsque le dirigeant libyen sous la présidence de George Bush avait démantelé son embryon de programme nucléaire, vidé ses stocks d’armes prohibées, et livré les présumés coupables de l’attentat terroriste de Lockerbie perpétré en 86. En Corée du Nord, la réponse n’a pas tardé. Si lorsqu’on désarme, on finit comme Kadhafi, ce n’est peut-être pas le bon exemple. Le régime de Pyong Yang a pris prétexte que des exercices militaires américains étaient maintenus en Corée du Sud pour menacer Washington d’annuler le sommet.

La Maison Blanche a voulu alors calmer le jeu.

Donald Trump, lui-même, a désavoué son conseiller en précisant que l’exemple libyen n’était pas le bon mais qu’il entendait bien obtenir une dénucléarisation complète en échange d’un pacte de non-agression, même si ce n’est pas formulé dans les mêmes termes, et d’une aide économique. Là-dessus les Nord-coréens ont précisé que ce qu’ils visaient, c’était une dénucléarisation de la péninsule coréenne, autrement dit des deux Corées, ce qui sous-entend une révision des accords de défense entre les États-Unis et la Corée du Sud, c’est le fameux parapluie nucléaire qui vaut aussi par ailleurs pour le Japon.

Et c’est là que les choses se compliquent.

Car les États-Unis ont visiblement peur de se laisser embarquer dans un dialogue où l’on ne serait pas d’accord sur les termes du départ de la négociation. Ce que l’on redoute c’est de mettre le doigt dans un engrenage où les États-Unis seraient obligés de faire des concessions militaires dans une tractation qui serait longue et aléatoire. Autrement dit de risquer de revenir dans un processus de chantage, comme ce fut le cas par le passé lorsque le régime communiste promettait beaucoup en échange d’aide humanitaire et économique avant de se rétracter. Or ce qui a changé depuis, c’est que la Corée du Nord a la bombe nucléaire et menace de s’en servir si l’on porte atteinte à sa souveraineté. D’où les hésitations et les flottements. Donald Trump ne semble plus aussi pressé. Il dit que la date du 12 juin n’a plus beaucoup d’importance, que ce qui compte c’est le processus et le résultat. Car il sait que sur ce test-là, énorme, il ne peut pas échouer, sa crédibilité est en jeu.