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François Clemenceau revient chaque matin sur un évènement international au micro d'Europe 1 Bonjour.

La répression des manifestations palestiniennes ce lundi à Gaza par l’armée israélienne a fait plus de 40 morts. Et chacun des grands acteurs de la région s’en rejette la responsabilité.

Si la diplomatie consiste à se mettre à la place de l’autre pour comprendre son point de vue avant de faire valoir le sien, voici que disent les autorités palestiniennes : 1/Israël a riposté de façon disproportionnée à des manifestations de protestation à la frontière ; 2/ les revendications sont légitimes (fin du blocus, retour des réfugiés, dénonciation du transfert de l’ambassade américaine à Jérusalem). Mais si on laisse de côté le ressenti de la menace par l’armée israélienne face aux lanceurs de pierre ou aux découpeurs de barbelés, et également l’accusation d’instrumentalisation par le Hamas de ces manifestations, on note que tout ceci de passe à Gaza et non pas en Cisjordanie. À Gaza, où ni l’Autorité palestinienne et encore moins le Fatah et l’OLP n’ont réussi à reprendre le contrôle des institutions et de la sécurité dans l’enclave. Ce qui est à la fois un gage de crédibilité pour Mahmoud Abbas, qui peut depuis des années se poser en interlocuteur garant de la sécurité sur la Cisjordanie qu’il contrôle, mais aussi un handicap majeur dans la mesure où Israël ne peut ni ne veut discuter avec un dirigeant palestinien incapable de mettre de l’ordre à Gaza.

Et donc si l’on se met à la place d’Israël, l’armée n’a pas d’autre choix que de se défendre face aux Palestiniens de Gaza.

Disons plutôt, si l’on se met à la place de Benjamin Netanyahou à la tête d’un gouvernement ultranationaliste qui a fait alliance avec l’extrême droite, ce qui n’est pas pareil. Car il est probable qu’un gouvernement dirigé par la gauche ou le centre en Israël aurait été plus souple vis-à-vis de toute solution qui aurait désarmé la tension à Gaza. Et peut-être même à cette formule de gouvernement palestinien de réconciliation entre le Fatah et le Hamas. Mais Netanyahou, lui, a toujours su exploiter cette faille pour maintenir un statu quo sécuritaire qui lui permet de se tenir à l’écart de toute discussion de paix autour du plan et de la formule des deux États.

Et si l’on se met à la place de Donald Trump, des dirigeants arabes ou des Européens ?

Jamais, à cause de la politique de Benjamin Netanyahou et le soutien sans failles qu’a décidé de lui accorder Donald Trump, les États-Unis et leurs partenaires dans la région n’ont été aussi divisés sur le sort d’Israël et de la Palestine. Tout le monde le dit, même du temps de George Bush et d’Ariel Sharon, les choses étaient plus rationnelles. Erdogan, pour une fois, a raison de dire que les États-Unis se sont discrédités comme médiateurs en déménageant leur ambassade à Jérusalem. Et parmi les Européens, eux aussi divisés, Emmanuel Macron attend son tour. Il a promis que si les Américains n’obtiennent pas de résultat, ce sera à l’Europe de prendre le relais pour trouver une solution.