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Chaque matin, Nicolas Barré fait le point sur une question d'actualité économique.

Les forces de l’ordre seront massivement mobilisées aujourd’hui pour les défilés du 1er mai, qui risquent d’apparaître comme le symbole du déclin des syndicats…

Oui d’abord parce que depuis des mois, le devant de la scène est occupé par les défilés de gilets jaunes auxquels se joignent des casseurs et les deux vont d’ailleurs essayer de parasiter les traditionnelles manifestations syndicales du 1er mai. Ce qui fait qu’une fois de plus, les syndicats vont avoir du mal à faire entendre leur voix. Soyons clairs, ceux que ça gêne le plus, ce sont les plus affaiblis, les syndicats contestataires comme CGT ou FO. Depuis le début du mouvement des gilets jaunes, ils sont ambigus : ils soutiennent la contestation mais ils s’inquiètent de la concurrence.

La CGT rêve de convergence des luttes mais en réalité, son cauchemar, c’est la concurrence des luttes. Pour autant, accuser les gilets jaunes d’affaiblir leur influence serait une grossière erreur d’analyse.

L’affaiblissement est bien antérieur.

Je ne vous cite qu’une référence : l’an dernier, pour le 1er mai -on était donc avant les gilets jaunes- les défilés n’avaient réuni que 14.500 personnes dans la capitale. C’est très peu. Mais surtout, le discrédit des syndicats est beaucoup plus profond. Il vient du fait que le dialogue social au niveau national échoue à faire aboutir des réformes sociales. Prenez la réforme de l’assurance-chômage : le gouvernement a demandé aux syndicats et au patronat de négocier un accord en juillet dernier. Dix mois après, il n’en est rien sorti.

D’où le constat un peu brutal qu’avait fait Emmanuel Macron il y a quelques temps, je le cite : "chaque jour on dit 'corps intermédiaires, démocratie sociale, laissez-nous faire'. Et quand on leur donne la main, ils disent, c’est trop dur, reprenez-là". Au fond, ce que l’on constate, c’est que le paritarisme, c’est à dire ce modèle de gestion sociale syndicats-patronat ne fonctionne plus, notamment parce que les syndicats contestataires n’ont jamais adopté la culture du compromis qui permettrait de produire des normes sociales nouvelles.

Alors qu’il y aurait beaucoup de choses à discuter !

Bien sûr, comment adapter l’emploi et le monde du travail au numérique par exemple ? Comment associer protection sociale et nouveaux métiers ? Comment accompagner l’essor du travail indépendant ? Mais qui y réfléchit vraiment en dehors de la CFDT ? Le 1er mai, regardez bien, vous avez ceux qui défilent:  c’est le monde ancien, les syndicats contestataires, qui essaient d’exister face à des formes nouvelles de contestation type "gilets jaunes". Mais qui en réalité tournent dans le vide et sont en déclin avancé. Et vous avez les autres, les réformistes, CFDT, CFTC, Unsa, qui ne défileront pas et feront de simples rassemblements. Mais dont les rangs grossissent. L’avenir n’est pas du côté de ceux qui défilent.