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Mardi, le maire de Nice Christian Estrosi a laché une petite bombe en proposant qu'Emmanuel Macron soit le candidat de la droite à l'élection présidentielle de 2022, faute de personnalité suffisamment forte dans les rangs des Républicains. Une hypothèse qui pourrait signer l'arrêt de mort du partie selon Nicolas Beytout.

C’est une annonce qui a surpris tout son monde : Christian Estrosi, le maire de Nice, a proposé mardi de "passer un accord avec Macron" en vue de l’élection de 2022.

Oui, une jolie petite bombinette qui a dû ravir la direction du parti Les Républicains, dont il est membre. Le parti dirigé par Christian Jacob réunit en effet ses Universités d’été, ce week-end en région parisienne, en espérant commencer à se mettre d’accord sur le processus de désignation de son candidat à la prochaine élection présidentielle.

Badaboum, l’un des leurs (et pas des moindres) leur explique que c’est perdu d’avance, qu’ils peuvent s’économiser les neurones et qu’il vaut mieux se rallier à leur adversaire du jour, Emmanuel Macron. On a connu plus chaleureux comme message d’encouragement. 

Et selon vous, pourquoi est-ce que Christian Estrosi fait ça ?

Plusieurs hypothèses. Ceux qui ne l’aiment pas soulignent que cet ancien champion de moto a toujours eu une trajectoire sinueuse, et qu’il cherche un poste pour le prochain quinquennat. D’ailleurs, il le confie lui-même au Figaro : son scénario permettrait à tous les ralliés "de participer à des responsabilités gouvernementales pour redresser la France". C’est clair, non ? 

Oui…assez. Et ceux qui l’aiment bien, ils décryptent comment cette idée ? 

Ils admettent que son analyse de la droite, pour dévastatrice qu’elle soit, est assez exacte : les chances qu’a cette famille politique de gagner la prochaine élection présidentielle sont très-très minces. Et tout le problème est alors de savoir s’il faut alors anticiper cette défaite et renoncer.

Mathématiquement, ça se tient : à ce jour, le scénario le plus probable pour 2022 reste un affrontement de second tour entre Emmanuel Macron et Marine Le Pen. Les Républicains n’auront (ou plutôt n’auraient) donc d’autre choix que de se rallier entre les deux tours. Le faire avant, c’est économiser un débat avec ceux qui pourraient voter Marine Le Pen (crise de nerfs assurée chez les Républicains), et puis c’est monnayer plus cher son soutien. C’est comme dans le train ou l’avion : plus vous réservez tôt, meilleures sont vos places. 

Mais ? Parce qu’il y a sûrement un mais. 

Eh bien le train en question devient le train de la mort. Je veux dire : de la mort du parti. Dans le système politique de la Vème République, et plus encore depuis le quinquennat, tout procède du Président de la République. Tout remonte à lui, tout se décide avec lui. Pour un parti de gouvernement, renoncer à présenter un candidat à la présidentielle, c’est perdre son statut, c’est changer de catégorie et acter son déclin.

En 2017, et pour la première fois de l’histoire de la Vème, la droite républicaine n’était pas au second tour. Si elle n’était même pas au premier, en 2022, ce serait l’acte de décès national de cette famille politique. Il ne lui resterait plus alors que le titre de premier parti de France au niveau local. Bien implanté à Nice, par exemple…