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Chaque matin, Nicolas Beytout analyse l'actualité politique et nous livre son opinion. Ce mercredi, il s'intéresse à la décision qu'Emmanuel Macron va devoir prendre concernant la réforme des retraites. Réclamée par certains, rejetée par d'autres, le président devra se positionner en vue de la présidentielle 2022.

Emmanuel Macron dira, courant juillet, quel cap il compte donner au pays jusqu’à la présidentielle de 2022. Avec, au cœur de sa stratégie, une interrogation sur la réforme des retraites.

Oui, qui s’est imposée dans le débat à peine les résultats des élections régionales étaient connus. Rien d’étonnant à ça. C’est la réforme sur laquelle Emmanuel Macron s’est cassé les dents, celle qu’il a dû retirer, officiellement pour cause de crise sanitaire, en réalité parce que l’affaire était très mal partie. Et donc, à l’Élysée, quand on réfléchit à la manière d’orienter l’action du gouvernement pour les 10 derniers mois du quinquennat, on tombe évidemment sur cet éléphant au milieu de la pièce : la réforme des retraites.

Avec une question à la clef : faut-il la remettre sur le tapis dès maintenant ?

Exactement. Parce que personne dans la majorité (comme au sein de la droite) ne doute qu’il faille faire une réforme des retraites. Notre système est déséquilibré, gravement déficitaire, et les centaines de milliards dépensés pendant la crise du Covid exigent plus encore qu’auparavant de mettre un début d’ordre dans nos comptes publics. Mais avant ou après la prochaine présidentielle ?

Bruno Le Maire dit par exemple qu’on n’a "jamais intérêt à remettre à demain ce qu’on peut faire aujourd’hui".

Une sage maxime, à condition bien sûr de pouvoir "faire aujourd’hui". On a passé des mois à s’interroger sur les risques de casse sociale, de faillites d’entreprises et de mouvements sociaux post-Covid, on voit déjà la CGT reprendre son sport favori et lancer des grèves à la SNCF, et on voudrait remettre le pays l’arrêt et risquer à nouveau le saccage des villes par des manifestants ? Mieux vaut profiter de la reprise économique et ne pas casser la croissance.

Ce qui veut dire que cette réforme est infaisable ?

Non, mais qu’il faut la faire après la présidentielle. D’abord, ça ne peut pas être la même réforme qu’en 2019, cette espèce d’usine à gaz qui avait réussi l’exploit de donner à tous les Français l’impression d’y perdre. Si c’est une autre réforme (par exemple le recul à 64 ans de l’âge de départ à la retraite), ça mérite une explication et un débat. Et puis, s’il s’agit pour Emmanuel Macron de démontrer qu’après la parenthèse de la crise sanitaire, il peut redevenir ce Président réformateur qui avait gagné en 2017, inutile de prendre des risques inconsidérés. Il y a d’autres réformes moins douloureuses à pousser. Il lui suffira alors de mettre cette réforme au cœur de sa campagne pour le prochain quinquennat et de demander un mandat clair aux Français. La droite sera sur la même ligne, et ce sera un élément de différenciation fort par rapport à Marine Le Pen. Cet ADN-là peut être reconstitué à temps pour 2022. Le faire avant, c’est jouer sa réélection à stop ou encore.