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Chaque matin, Nicolas Beytout analyse l'actualité politique et nous livre son opinion. Ce mercredi, il revient sur le modèle social français qui n'est plus adapté à la réalité d’aujourd’hui selon lui.

Olivier Véran et Olivier Dussopt, les ministres de la Santé et des Comptes publics, ont présenté ce mardi le PLFSS.

Un texte à la dénomination barbare pour parler d’un sujet qui nous concerne tous : la survie de notre modèle social français.

PLFSS ça signifie Projet de loi de Financement de la Sécurité sociale.

Dans ces cinq lettres, il y en a une qui est en réalité un pur mensonge, c’est le "F" de financement. Car le projet dévoilé ce mardi par nos deux ministres nous annonce le pire budget de la Sécurité sociale que l’on puisse imaginer. Des dizaines de milliards d’euros de déficit avec 44 milliards cette année, une trentaine l’an prochain et au moins 20 pour chaque année suivante, c’est un puits sans fond.

C’est l’effet Covid.

Evidemment avec le gonflement des dépenses hospitalières, la revalorisation des rémunérations des personnels soignants, l’investissement dans les équipements de soins et l’effacement d’une grande partie de la dette des hôpitaux, tout ça était inévitable. Sauf que l’on donne l’impression de pousser tous ces milliards devant nous, dans une parfaite insouciance. Pire, on en rajoute !

Non content d’empiler les dizaines de milliards de dépenses non financées, on en invente de nouvelles, on innove. Le projet de loi (le mal-nommé PLFSS) nous promet la création d’une nouvelle couverture sociale liée à la dépendance, au grand âge et à l’autonomie. Des sujets immenses que l’on devra affronter mais pour lesquels on n’a pas, à ce jour, le premier euro. Or il faudra, là encore, trouver chaque année une poignée de milliards, c’est incontournable.

Un autre exemple, le doublement du congé paternité. Tout le monde applaudit, c’est très dans l’air du temps, c’est un plus pour les familles qui est magnifique. Mais qui donc s’est préoccupé de ce que ça coûterait ? Oh, pas grand-chose, un demi-milliard par an. Mais à qui ? Qui paiera ? Et puis 500 millions par ci, 500 millions par-là, lorsqu’on empile les milliards de droits non-financés, ça ne devrait pas être anodin. Voilà, nous sommes, avec notre fameux modèle social français, dans l’inconscience collective.

Et comment on en sort ? Comment est-ce que l’on peut continuer à financer cette protection sociale ?

On ne peut plus. Aujourd’hui, il n’y a que deux moyens de faire : les taxes et les impôts, mais on est déjà le pays le plus matraqué au monde. Et la dette, mais là-aussi, on frôle l’overdose. Voilà, on est face à un défi politique comme jamais depuis l’après-guerre, lorsque a été créée la Sécu : trouver un autre mode de financement de cette protection sociale à la française. Pour l’instant, on ne s’occupe que de rapetasser et d’épaissir la couverture, pas de savoir comment payer. On est comme Coyote Will, cet animal débile qui continue à courir alors qu’il a dépassé le bord de la falaise. Bon, voilà, on court, on court, on dépense, on dépense, mais il faudra bien retrouver un jour la terre ferme.