Virenque : "Une bombe sur Jalabert au départ du Tour"

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SAISON 2012 - 2013, modifié à

Richard Virenque et Marie-Georges Buffet reviennent sur l'affaire Jalabert qui vient d'éclater à quatre jours du Tour de France.

Ce matin à 7h45, Europe 1 recevait Richard Virenque, notre consultant cyclisme, et Marie-Georges Buffet, députée de Seine-Saint-Denis et ancienne ministre des sports. Ils s’exprimaient au sujet des accusations de dopage portées contre Laurent Jalbaert.

Leurs principales déclarations :

 

Richard Virenque, êtes-vous surpris ?

Virenque : "Surpris, oui et non... Vous savez, en 1998, un problème existait dans le cyclisme, en tout cas un problème qui existait dans le sport. Je suis très content que Marie-George Buffet soit en ligne avec nous. A l'époque, elle était ministre des Sports, elle a attaqué... Pas attaqué mais lancé des offensives contre le dopage dans le cyclisme, mais uniquement dans le cyclisme ! Elle est rentrée dans le Tour de France par rapport à l'affaire Festina, la Justice s'est mise derrière..."

Je vous repose la question : êtes-vous surpris ? Est-ce que vous le saviez ?

Virenque : "Surpris, mais je ne sais pas... Je suis surpris qu'un journal comme l'Equipe sorte l'information quinze ans après..."

On peut se demander si en 1998 vous n'avez pas trinqué pour tout le monde…

Virenque : "C'est bien pour ça que je suis... Pas révolté... Quand ça m'est tombé dessus, on m'a tout mis sur la tête ! La Justice et les instances sportives m'ont mis un an de suspension à l'époque, j'ai payé énormément pour tout ça... Marie-George Buffet aurait pu prendre du recul... Des gens pouvaient la conseiller, il y a eu un procès qui a duré trois semaines... Ca a été quelque chose qui a été exagéré : au lieu que les instances sportives et le tour de France prennent des décisions, on a fait payer une équipe, tout simplement. Je suis bien placé pour le savoir."

 

Tout le monde était dopé à l'époque ?

Virenque : "Tout le monde, le mot est fort. Ce que je peux dire, c'est que, dans tous les sports, un laxisme existe. En 1998, on a choisi d'essayer enrayer tout ça, bien sûr on est rentré dans le Tour de France. Je ne trouve pas ça normal de dire que tous les cyclistes sont dopés. Il y a eu des problèmes, c'est sûr mais, pourquoi une ministre attaque un sport ?"

Marie-George Buffet : tout le monde était dopé ?

Buffet : "Non, je refuse le tous dopés ! En 1998, on entame la lutte contre le dopage, la loi est en train d'être discutée à l'Assemblée et au Sénat, il y a l'affaire Festina, les contrôles sur le tour. Nous avons mené cette lutte contre le dopage dans tous les sports mais, il est vrai, dans le cyclisme, et ensuite on l'a su de façon plus réelle, il y avait un système dans un certain nombre d'équipes qui faisait que le dopage était très répandu, il y a eu des témoignages."

Buffet : "Sur l'affaire de Laurent Jalabert : attention quand même ! Je ne sais pas d'où vient cette information, j'ai toujours respecté la présomption d'innocence, la Commission du Sénat rendra ses conclusions le 18 juillet, c'est à ce moment-là que nous aurons une vision complète. Aujourd'hui, la lutte contre le dopage se poursuit dans le cyclisme comme dans d'autres sports, dans tous les sports..."

 

Un nom comme Jalabert, considéré comme un cycliste propre... Ca veut dire qu'en 1998 il y avait un problème général...

Buffet : "Vous le savez comme moi, il y avait un problème général de dopage dans les sports en général et plus particulièrement dans le cyclisme, excusez-moi M. Virenque. Ce n'est pas un reproche que je fais au cyclisme : depuis, il y a eu un combat mené à l'intérieur même du cyclisme pour lutter contre le dopage."

 

Richard Virenque dit qu'il a été le bouc-émissaire par votre faute...

Buffet : (Agacée.) "Mais non, mais enfin, écoutez ! J'ai mené le combat contre le dopage, je l'assume, ce combat je continue à le mener car je continue à suivre cette question sportive, je pense que le sport a besoin, pour les sportifs eux-mêmes, de cette lutte car le dopage met en cause l'intégrité psychique et physique des sportifs, il faut se battre avec beaucoup de volonté. Oui il y a eu l'affaire Festina, elle a éclaté, ça nous a permis de voir à quel point, dans les équipes de cyclisme, ce problème était là. Petit à petit il y a eu une prise de conscience dans le cyclisme, du moins au niveau du cyclisme français, je ne suis pas sûre que ce soit le cas de la même façon partout. On a vu que l'UCI ne se remettait pas en cause. Il faut continuer ce combat ! La question n'est pas d'accuser untel ou untel ! Il n'est pas fini ce combat..."

Richard Virenque, vous avez entendu Marie-George Buffet...

Virenque : "Quand elle dit : on le savait. Si on le savait pour plusieurs équipes, pourquoi a t-on monté un procès Festina, pourquoi on a fait un artifice autour de ça pendant 3 ans, pourquoi on nous a mis plusieurs fois en garde à vue, pourquoi on m'a mis sur écoute pendant des années, pourquoi on m'a mis un an en suspension alors que tout le peloton en général avait des trafics ? Je vous demande pourquoi ! Pourquoi à l'époque on n'est pas allé dans le foot ? Dans d'autres sports ? Parce qu'il y a encore plus d'argent ! C'est facile d'aller dans un sport où les grandes instances laissent un peu faire et ne s'entendent pas ! Il y a des sports où elles s'entendent et on ne peut pas y rentrer !"

Buffet : "Il faut arrêter de victimiser ! C'est absolument faux ! La Justice a fait son travail à l'époque ! Il faut arrêter de victimiser comme ça le cyclisme, c'est vrai qu'il y avait un problème particulier dans le cyclisme, ça ne date pas d'hier, on le sait, il faut arrêter de se cacher les choses. Ce que je remarque, c'est que, depuis, la Fédération de cyclisme a mené ce combat, des équipes ont mené ce combat avec beaucoup de force, ont fait en sorte que le dopage recule. On a vu que ce n'était pas terminé : on a vu des champions du Tour de France, les années qui ont suivi, se faire prendre six mois après..."

Ce Tour de France qui va démarrer doit avoir lieu comme si de rien n'était ?

Buffet : "Le Tour de France, il faut qu'il ait lieu... La question n'est pas de supprimer le Tour de France ou de faire du mal au cyclisme. La question, c'est de faire en sorte que le Tour de France se fasse sans dopage ! Il faut que l'on puisse avoir les contrôles nécessaires, que l'Agence française de lutte contre le dopage puisse faire ses contrôles, on sait bien que c'est l'UCI qui est en responsabilité des contrôles dans les compétitions internationales. Et je pense qu'il faut que, de nouveau, la puissance publique fasse un discours politique contre le dopage, fasse de la prévention. C'est une lutte qui n'a pas de fin ! Tant qu'il y aura de l'argent dans le sport, une envie de gagner à tout prix, il y aura dopage. Il faut mener ce combat en permanence !"

Richard Virenque, quelle drôle d'ambiance à quelques jours du départ du Tour...

Virenque : "C'est sûr que c'est une drôle d'ambiance, en tout cas, on lance une bombe sur Laurent Jalabert au départ du tour, c'est un peu bizarre tout ça... Je voulais dire que tous les coureurs qui participent aujourd'hui au Tour, ça n'a plus rien à voir avec les années 1990. Il y a aujourd'hui des contrôles vraiment très serrés, de plus en plus. Un coureur qui veut partir dans un artifice et essayer de se doper, c'est comme s'il voulait se faire péter la tête ! Il existe tellement de choses aujourd'hui pour attraper ceux qui trichent ! Il va un peu au casse-pipe... Je crois que les coureurs qui vont partir dans quelques jours doivent se mettre à la page (...)"