Roux de Bézieux dénonce des "changements de cap terrifiants pour les patrons"

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INTERVIEW - Le vice-président délégué du Medef est revenu sur le report de trois mois de l'entrée en application de l'acte 2 du pacte de responsabilité. Avant d'appeler à une plus grande stabilité réglementaire et fiscale.
INTERVIEW

"Par pitié, arrêtons de changer de cap. Cette annonce de hier est désastreuse". La formule est signée Geoffroy Roux de Bézieux, vice-président du Medef, et montre que le report de l'acte 2 du Pacte de responsabilité passe mal parmi les chefs d'entreprise. La nouvelle baisse de charges prévue pour le 1er janvier n'entrera en application que le 1er avril, a annoncé mercredi le gouvernement. "Comment croire un gouvernement qui change d’avis en huit jours ? On décale de trois mois mais qu’est-ce qui nous dit que l’année prochaine on votera les baisses de charges ? Il y a donc un énorme problème de confiance", a réagi Geoffroy Roux de Bézieux, jeudi matin sur Europe 1.

"C’est absolument terrifiant". Le ministre des Finances Michel Sapin a annoncé mercredi que les baisses de cotisations prévues sur les salaires entre 1,6 et 3,5 Smic dans le cadre du pacte de responsabilité ne prendraient effet qu'au 1er avril, trois mois après la date prévue. "On ne se plaint pas, on est d’abord stupéfait. Je rencontre Christian Eckert il y a une semaine : pas un mot (sur ce report, ndlr), d’ailleurs je pense qu’il ne le savait pas lui-même", a commencé le numéro deux du Medef. "Il y a des milliers de TPE, de petites entreprises, qui attendaient cette baisse de charges et pour lesquels les centaines de milliers d’euros comptent. La parole du gouvernement est en cause. C’est absolument terrifiant", a-t-il poursuivi.

 

"La France est gérée comme un ménage surendetté. C’est-à-dire qu’au lieu de baisser les dépenses publiques – 1.230 milliards –,  qu’est-ce qu’on fait ? On repousse l’échéance", a-t-il regretté. "Et le gouvernement n’est que partiellement responsable puisque depuis 30 ans gauche et droite confondues on a augmenté les impôts à chaque fois qu’on avait un problème. Sur les ménages mais surtout sur les entreprises", a poursuivi le vice-président du Medef, avant d'ajouter : "on ne peut plus continuer avec ce réflexe pavlovien, il faut donc baisser la dépense publique, nous mettre à égalité avec nos concurrents allemands, anglais, espagnols".

Un gouvernement pourtant "pro business". Si le patronat réagit vigoureusement à ce report, il n'en demeure pas moins qu'il est choyé  par le gouvernement. Ce qu'a reconnu Geoffroy Roux de Bézieux : "Effectivement, depuis la fin de l’année dernière et le CICE, les marges des entreprises commencent à remonter. Donc les investissements vont redémarrer.  (...) La France a créé 550.000 emplois l’année dernière. Le problème, c’est qu’on en a détruits aussi 500.000. Ca ne marche que quand la croissance est là. Mais par pitié, arrêtons de changer de cap. Cette annonce de hier est désastreuse".

"Il y a eu un tournant pro entreprise, pro business, depuis deux ans, c’est indiscutable. Simplement, il faut de la constance. Gérer la France en annonçant tout à  trac, sans prévenir personne, ce report trois mois avant l’échéance, c’est terrifiant", a-t-il argumenté, avant de conclure : "cCe qui est inquiétant, c’est cette gestion à la petite semaine. (...) Arrêtons ces changements de cap, c’est terrifiant pour les patrons".