Pour Jean Pisani-Ferry, la banque pour le climat voulue par Macron existe déjà, c'est la BEI

Jean Pisani-Ferry propose de recentrer l'action de la Banque européenne d'investissements sur la transition écologique.
Jean Pisani-Ferry propose de recentrer l'action de la Banque européenne d'investissements sur la transition écologique. © Europe1
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avec AFP
Pour l'économiste Jean Pisani-Ferry, la banque pour le climat proposée par Emmanuel Macron dans sa tribune pour l'Europe existe déjà, c'est la Banque européenne d'investissement. 

"La banque pour le climat", proposée par Emmanuel Macron dans sa tribune pour l'Europe, "existe déjà", selon l'économiste Jean Pisani-Ferry, qui propose dans un entretien à l'AFP de recentrer l'action de la Banque européenne d'investissements (BEI) sur la transition écologique.

Des investissements fléchés vers l'environnement. "La banque pour le climat existe déjà, c'est la BEI", estime celui qui fut le coordinateur du programme présidentiel d'Emmanuel Macron en 2017. "La composante climat doit devenir centrale dans l'action de la BEI", insiste-t-il en soulignant que cette banque avait "commencé à changer son 'business model'" en fléchant ses investissements vers l'innovation dans l'environnement. 

Dans sa tribune diffusée lundi, Emmanuel Macron avait lancé la piste d'une "banque européenne du climat" afin de financer la transition écologique du continent. Cette proposition est portée depuis un an par le climatologue Jean Jouzel et l'économiste Pierre Larrouturou, qui plaident pour transformer la BEI en Banque de développement durable. 

Un engagement sur le prix du carbone. Selon Jean Pisani-Ferry, "la prochaine Commission européenne", formée après les élections du 26 mai, doit "avoir un plan d'action climat à la hauteur des enjeux". Cela passe notamment par "un engagement" sur le prix du carbone, aujourd'hui anormalement bas sur le marché et dont le prix doit être régulé par des coopérations entre quelques Etats.

"Il est probable que dans un premier temps on ne trouvera pas d'accord à 27, car on aura du mal à faire rentrer des pays qui sont dépendants du charbon ou qui sont climato-sceptiques. Probablement faudra-t-il faire de la géométrie variable. Aujourd'hui, l'Union européenne est en retard sur les Etats parce qu'elle va à la vitesse des plus lents", déplore-t-il. "On va inévitablement aller, sur le plan mondial, vers des formes de confrontations dures entre les pays qui feront des efforts réels et les pays qui n'en feront pas" en matière de transition écologique, estime encore l'économiste.

Une taxe carbone aux frontières ? A ce titre, Jean Pisani-Ferry juge probable l'instauration à terme d'une taxe carbone aux frontières, peut-être à l'initiative des Etats-Unis, quand ces derniers mèneront "une action climatique sérieuse". "Je pense que l'accord de Paris a permis de créer une dynamique et il faut se féliciter du consensus même limité qu'il a permis de créer. Mais les opinions n'accepteront pas de subir une fiscalité carbone importante et que d'autres pays ne le fassent pas pour que ça privilégie leur production", insiste-t-il.