"Lehman Brothers n'était pas en faillite", dixit son ex-patron

Lehman Brothers
Le 15 septembre 2008, Lehman Brothers avait été contrainte à la faillite, écrasée par le poids de son exposition aux crédits immobiliers à risque, dits "subprime". © BEN STANSALL / AFP
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avec agences , modifié à
IL PARLE - Sept ans après la crise financière, Richard Fuld Jr s'exprime. Il refuse d'endosser la faillite de la quatrième banque des Etats-Unis.

"Lehman Brothers en 2008 n'était pas une entreprise en faillite". Plus de six ans et demi après la faillite de Lehman Brothers, son patron de l'époque, Richard Fuld Jr, affirme sans se repentir que sa banque n'était pas aux abois. La raison de sa chute ? Elle a été emportée par une "tempête parfaite" face à laquelle il était impuissant, justifie-t-il.

C'était une "banqueroute forcée". L'ancien banquier donnait une conférence jeudi à Manhattan. Il s'agissait de sa première intervention en public depuis la faillite de l'ex-quatrième banque la plus importantes des Etats-Unis, en 2008, secousse la plus puissante du séisme financier qui avait frappé le monde à l'époque, et qui l'affecte encore aujourd'hui. Durant son intervention d'un peu plus d'une demi-heure jeudi, Richard Fuld Jr n'a guère reconnu d'erreurs, ni exprimé de regrets sur son action. C'était une "banqueroute forcée", a-t-il assuré. "Ce n'est pas une seule chose qui a causé la crise de 2008 (...). Toutes les conditions étaient réunies pour déclencher un véritable cataclysme", a tenté d'expliquer jeudi l'ancien banquier.

Que s'est-il passé déjà ? Le 15 septembre 2008, Lehman Brothers avait été contrainte à la faillite, écrasée par le poids de son exposition aux crédits immobiliers à risque, dits "subprime". Ces prêts, accordés en masse par les banques à des ménages précaires pour qu'ils achètent un logement, représentaient un quart des prêts immobiliers avant la crise. En 2007, suite à une forte envolée des taux d'intérêt, notamment due à la politique de la Banque centrale américaine, des millions de ménages se sont retrouvés en incapacité de rembourser leur banque. Et Lehman Brothers en a été la principale victime. La presse et les politiques l'avaient alors érigée en symbole des déviances d'une finance folle.  

"L'un des meilleures banques". Mais hors de question pour Richard Fuld Jr d'en assumer la responsabilité. En 2008, Lehman Brothers était "l'une des meilleures banques de Wall Street", avec une culture de "réel succès". Pour l'ex-dirigeant, la faute est donc collective. Il y a d'abord le "gouvernement (américain) qui voulait que tout le monde réalise sa perception du Rêve américain" c'est-à-dire devenir propriétaire d'un bien immobilier. Ensuite "l'abondance de liquidités et des taux d'intérêt à des niveaux très bas (avant 2007) qui ont incité les banques à prêter de l'argent à des ménages insolvables sans se soucier des conséquences", a-t-il ajouté. "Il y aurait beaucoup à dire (mais) assez! Il est temps d'aller de l'avant", a-t-il en conclu.

"Ce n'est pas derrière moi". Mais "aller de l'avant", Richard Fuld Jr concède avoir des difficultés à y parvenir. "Pas un jour ne passe sans que je pense à Lehman Brothers", a-t-il confié. "J'aimerais vous dire que je l'ai surmonté, que c'est derrière moi. Ce n'est pas le cas", a-t-il assuré. Richard Fuld dirige désormais une petite entreprise baptisée Matrix Advisors, qu'il a qualifiée de banque d'affaires "sage". Ce retour sur la scène publique intervient alors que la presse américaine spécule sur le fait qu'il souhaite créer un fonds d'investissement, ce qu'il n'a pas confirmé.