Le Sénat adopte le volet "recettes" du projet de budget pour 2019, amputé de la hausse de la taxe sur les carburants

Les sénateurs s'attaqueront dès vendredi au volet "dépenses" et voteront le 11 décembre sur l'ensemble du texte.
Les sénateurs s'attaqueront dès vendredi au volet "dépenses" et voteront le 11 décembre sur l'ensemble du texte. © LIONEL BONAVENTURE / AFP
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avec AFP , modifié à
Dans ce volet "recettes" adopté jeudi soir, les amendements "dégradent" d'environ 4,8 milliards d'euros le déficit budgétaire, selon le secrétaire d'Etat aux Comptes publics. 

Le Sénat à majorité de droite a adopté jeudi soir, au terme d'une semaine de débats agités, le volet "recettes" du projet de budget 2019, avec une modification majeure, le gel de la hausse décriée de la taxe sur les carburants.

LREM s'abstient. La première partie de la loi de Finances a été adoptée en première lecture par 206 voix (LR, centristes, Indépendants) contre 92 (PS, CRCE à majorité communiste), et 43 abstentions (LREM et la plus grande partie du groupe RDSE à majorité radicale). Les sénateurs s'attaqueront dès vendredi au volet "dépenses" et voteront le 11 décembre sur l'ensemble du texte.

Abattement fiscal pour les petites communes. Entamé dans un contexte social tendu, avec la mobilisation des "gilets jaunes", l'examen du budget a été parasité par un bras de fer entre les sénateurs et le ministre des Comptes publics Gérald Darmanin. Le Sénat a procédé jeudi soir à une seconde délibération sur la mesure à l'origine d'un tweet polémique du ministre. Avec un "avis de sagesse" du gouvernement, le Sénat a adopté l'article modifié. Il prévoit un dispositif permettant, pour les élus des communes de moins de 3.500 habitants, un abattement fiscal de 1.500 euros, à la condition qu'ils ne bénéficient pas d'un remboursement de frais.

Un déficit aggravé de "4,8 milliards d'euros". L'examen de la première partie du budget aura été mouvementée jusqu'au bout, puisque le Sénat, fait exceptionnel, n'a pas adopté l'amendement du gouvernement à l'article "d'équilibre", chiffrant les modifications apportées par la haute assemblée. Selon le secrétaire d'Etat Olivier Dussopt (Comptes publics), les amendements votés par le Sénat conduisent à "dégrader" d'environ 4,8 milliards d'euros le déficit budgétaire, le faisant passer de 99,1 milliards à 103,8 milliards d'euros.

"Nous sommes capables de présenter des économies". Le rapporteur général du budget Albéric de Montgolfier (LR) a contesté ce chiffrage. "Nous vous montrerons que nous sommes capables de vous présenter des économies", a promis Philippe Dallier (LR), tandis que pour Bernard Delcros (centriste), le Sénat a fait "évoluer le texte dans un sens qui nous semble être celui de l'intérêt général". Pour Rémi Féraud (PS), le projet de budget "ne répond pas à la colère qui s'exprime aujourd'hui dans notre pays". "Il n'apporte aucune réponse", a renchéri Pascal Savoldelli (CRCE).

Des amendements du gouvernement adoptés. Outre le gel de la hausse de la taxe carburants, le Sénat a également voté une "franchise" de la taxe générale sur les activités polluantes (TGAP) pour les déchets ménagers "non valorisables". Il a adopté des exonérations à l'Impôt sur la fortune immobilière (IFI) pour les biens immobiliers qui font l'objet d'une convention à loyer très social. Via des amendements du gouvernement, il a supprimé des avantages fiscaux votés par l'Assemblée nationale pour les personnes mettant à disposition des logements pour les sans-abri ou mal-logés. Le même sort a été réservé au crédit d'impôt pour les contribuables hébergeant une personne ayant le statut de réfugié depuis moins d'un an. A l'unanimité, les sénateurs ont adopté un dispositif visant à faire échec à "l'arbitrage de dividendes", technique permettant à des acteurs financiers d'éluder l'impôt. La mesure pourrait potentiellement permettre de faire rentrer dans les caisses de l'Etat au moins un milliard d'euros.