La Sécu veut informer les entreprises sur les motifs d'absence des salariés

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En vertu du secret médical, le motif d'un arrêt maladie n'est pas connus de l'employeur, mais peut être identifié par l'Assurance maladie via les remboursements. © PHILIPPE HUGUEN / AFP
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Cette expérimentation doit permettre aux entreprises de mieux lutter contre l'absentéisme en amorçant "une réflexion sur leurs conditions de travail".

L'Assurance maladie lance une expérimentation dans les entreprises au taux d'absentéisme record. En les informant des motifs des arrêts maladies déposés par leurs employés, tout en garantissant l'anonymat de ces derniers, mais aussi en convertissant en coût direct et indirect ces absences, l'Assurance maladie espère amorcer chez ces entreprises "une réflexion sur [leur] conditions de travail, puisque l'on sait qu'il y a une corrélation entre ces dernières et le nombre et la durée des arrêts", explique auprès de L'Express Laurent Bailly, responsable du département des services aux assurés. Car si les entreprises peuvent chiffrer leur taux d'absentéisme, les motifs ne sont pas connus des employeurs, seulement de la Sécurité sociale. "Les partenaires sociaux nous ont donné le feu vert pour cette expérimentation, convaincus par les garanties de secret médical que nous leur avons apportées", insiste Laurent Bailly .  

Des informations anonymes. Cinq entreprises, réparties sur l'ensemble du territoire, ont donc été sélectionnées par l'Assurance maladie et visitées par des directeurs de caisse entre novembre et décembre 2017. "Elles relèvent du secteur de l'aide à la personne, du conseil, du gardiennage et de la sécurité. En nombre d'heures d'arrêt de travail, elles se situent à un niveau quatre fois supérieur à celui des entreprises de leur secteur et de leur région. Leur taux d'absentéisme est énorme : 20%", détaille Laurent Bially, toujours auprès de L'Express. Le programme cible les sociétés de plus de 200 salariés, de manière à ce que les informations divulguées, sous forme de pourcentages, ne permettent pas d'identifier précisément un employé.

 

Améliorer les conditions de travail. Pour faire remonter ces précieuses données, l'Assurance maladie use d'un algorithme qui plonge dans ses fichiers et, à partir des consultations et des médicaments remboursés, parvient à identifier la pathologie concernée. Seules les infections imputables à une défaillance managériale ou à un environnement de travail délétère sont ciblées : à savoir les troubles musculo-squelettiques et les maladies liées aux risques psychosociaux, tel que le burn-out. "Nous laissons de côté les petits arrêts courants (virus, poignet foulé, etc.), ainsi que les affections de longue durée (pour diabète par exemple), qui pourraient parasiter les données d'absentéisme", précise Laurent Bially. On imagine ainsi qu'une vague de lombalgies pourrait, par exemple, pousser l'entreprise concernée à remplacer les sièges de bureau.

D'ici six mois, l'Assurance maladie doit réaliser un point de parcours avec les entreprises, afin de vérifier si les informations qui leur ont été apportées les ont poussées à mettre en place des actions, comme de la prévention.