La Grèce est à vendre : quelle part du gâteau pour la France ?

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Alexis Tsipras s'est engagé à privatiser de nombreuses entreprises, à hauteur de 50 milliards d'euros au total. 

François Hollande se rend en Grèce jeudi et vendredi. Et il ne vient pas tout seul. Une délégation de quelque 70 chefs d'entreprises accompagne le président de la République. Car la Grèce, dont l'Etat est toujours plombé par une dette de 200% de son PIB, dispose d'un potentiel économique alléchant. Le Premier ministre, Alexis Tsipras, s'est engagé à privatiser de nombreuses entreprises publiques, à hauteur de 50 milliards d'euros au total, dont 3,6 milliards dès 2016. Et les Français espèrent bien récupérer une part de ce vaste gâteau grec.

La France a du retard. Pour l'heure, les entreprises tricolores sont à la traîne. Aujourd'hui, la France n'est que le quatrième investisseur dans le pays, après l'Allemagne, le Luxembourg et les Pays-Bas. Et ses concurrents sont à l'offensive. Le consortium allemand Fraport-Slentel vient de frapper un grand coup en obtenant la gestion pour quarante ans au moins de 14 aéroports situés dans les zones touristiques du pays. Fraport-Slentel a notamment damé le pion à Vinci, également positionné. On sait également que la Chine, via le groupe Cosco, est bien partie pour devenir actionnaire majoritaire au Pirée, le principal port d'Athènes, et pour obtenir la gestion sur le trafic maritime de passagers. Selon Le Parisien, enfin, le Qatar lorgne les complexes hôteliers, après avoir déjà investi dans les mines d'or, les PME et les banques.

Ce qui intéresse les Français. "La Grèce est à vendre. Il y a certainement encore des choses à regarder pour les entreprises françaises", précise pour sa part Ludovic Subran, économiste chez Euler Hermes, cité par Le Figaro. Vinci a ainsi bon espoir de s'emparer d'une partie du réseau routier local. D'après Le Parisien, Alstom espère acquérir la compagnie de maintenance des réseaux de chemins de fer grecs, Eessty. Suez environnement se positionne sur les compagnies des eaux d'Athènes et de Thessalonique. Et la SNCF serait également bien partie pour reprendre son homologue grec TrainOse, bien que l'entreprise ait démenti de telles intentions auprès d'Europe 1.

"De son côté, le président du patronat grec (SEV), Theodoros Fessas, a également appelé les entreprises françaises à venir investir en Grèce, notamment dans les secteurs du tourisme de l’énergie ou de la logistique", rappelle encore le site Euractiv. Airliquide, Total et EDF sont donc aussi du voyage avec François Hollande. Ultime secteur où la France a encore une carte à jouer : la "Silver économie", ou économie au service des personnes âgées. "La Grèce pourrait devenir la Floride ou la Californie de l'Europe dans ce secteur", dixit Theodoros Fessas.

Pourquoi la France a une carte à jouer. Les entreprises tricolores ont des raisons d'espérer. Celles qui se positionnent jouissent d'une expertise solide et d'une bonne réputation dans leurs domaines respectifs. En outre, l'engagement de François Hollande pour éviter une sortie de la Grèce de la zone euro l'été dernier pourra peser au moment où l'Etat grec décidera à qui vendre les bijoux de famille.

"La visite de François Hollande confirme la relation particulière qui lie les deux pays", a d'ailleurs déclaré jeudi la porte-parole d'Alexis Tsipras, Olga Gerovassili. "Au centre des discussions (entre François Hollande et Alexis Tsipras), il y aura la gestion de la dette grecque et la promotion des initiatives d'investissements qui vont contribuer à l'accélération de la reprise de l'économie et à la croissance", a-t-elle poursuivi.

Reste tout de même une question : à quelle vitesse la privatisation va-t-elle se faire ? Pour l'heure, Alexis Tsipras ne s'est engagé que sur des cessions d'actifs à hauteur de 6,4 milliards d'euros d'ici 2017. Le Premier ministre grec, à l'origine réticent à cette privatisation à tout rompre demandée par Bruxelles, reste flou sur les 43,6 milliards restants.