La grande distribution commence sa révolution digitale

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François Geffrier, édité par Ugo Pascolo , modifié à
L'enseigne Casino a lancé la construction en Essonne d'un entrepôt de 36.000 mètres carré dont les stocks et les commandes sont gérés par des centaines de robots. 
L'ENQUÊTE DU 8H

Casino n'a pas peur d'innover. Après le lancement du crédit dès 20 euros pour payer ses courses, l'enseigne se lance dans la révolution du numérique. Selon les informations d'Europe 1, la firme s'apprête à ouvrir un entrepôt de 36.000 mètres carré entièrement géré par des robots, à Fleury-Mérogis. Le groupe française a calqué son innovation sur un modèle anglais. Europe 1 s'est rendu en Angleterre, dans l'un de ces entrepôts ultra-modernes.

Un damier géant. De l’extérieur, on ne voit qu’un hangar. À l’intérieur, c’est une ruche dont les abeilles sont des robots. "On a près de 700 robots en opération dans l’entrepôt. Ils sont en train d’amener des produits ou de récupérer des commandes préparées pour les amener ailleurs", résume Luke Jensen PDG de l’entreprise Ocado solutions. Les robots, en forme de cube montés sur roues, filent dans tous les sens et à quatre mètres par seconde. Quand leur batterie est presque vide, ils vont eux-mêmes se recharger. Tout ça se passe sur une sorte de damier géant : une grille de 250.000 cases où sont rangées des caisses de bananes, de yaourts ou de liquide vaisselle.

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(Crédit : EUROPE 1 / François Geffrier)

Chaque date de péremption est enregistrée, et les bras métalliques des robots apportent aux salariés - humains - les produits, dans un ordre prédéfini. "On ne va jamais avoir un produit fragile qui va être placé sous un produit solide, ni un produit frais sous un produit en conserve", ajoute Luke Jensen.

Un système qui arrive en France. Tout est donc calculé en permanence, mesuré, pesé, scanné. Le système décide même de l’itinéraire des chauffeurs-livreurs, pour placer intelligemment les caisses dans leur camion. Optimisation maximale qui change tout : une commande de 50 produits est préparée en six minutes seulement. Les concurrents sont trois fois plus lents. Et cela permet à cette entreprise britannique d’être rentable et de vendre sa technologie au groupe Casino, qui gère également le site de vente en ligne monoprix.fr.

Casino lance un entrepôt géré par des robots

Une révolution, des rayons à la caisse. Mais la révolution ne s'arrête pas aux entrepôts et aux livraisons à domicile, les supermarchés aussi ont le droit à leur révolution. Et ça commence avec le bon vieux chariot, qui va devenir connecté, on le déverrouillera avec son smartphone plutôt qu’avec un jeton. Quand on se rapprochera des caisses, il nous rappellera d’acheter l’huile ou la soupe qu’on avait notées sur sa liste. Puis on sortira du magasin sans passer en caisse : en payant simplement sur une application. Une révolution qui a en réalité déjà débuté avec l'arrivée des caisses automatisées, qui représentent aujourd'hui 5% des caisses de nos supermarchés. 

Plus de deux millions d'emplois menacés. Mais l'arrivée des robots, de l'automatisation et de l'intelligence artificielle ne plaisent pas à tout le monde. "On est autour de 100.000 à 150.000 personnes dont la tâche pourrait disparaître", indique Carole Desiano, secrétaire fédérale grande distribution chez Force ouvrière. "Le problème est ce qu’on va faire de ces personnes-là après, afin qu’il n’y ait pas de catastrophe au niveau de l’emploi. C’est plus dans le fait de savoir changer de métier rapidement qu’on va trouver une issue". Car pour rester attractif face au commerce en ligne, les enseignes misent sur le service. On voit fleurir des espaces restauration, des rayons sushis et des microbrasseries. La clé, c’est donc la formation des salariés, mais il n’y aura pas de place pour tout le monde : selon une étude de l'OCDE, 2,5 millions d'emplois seraient menacés par les robots en France.