INFO EUROPE 1 - Deux salariés licenciés pour avoir refusé de travailler le dimanche

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François Coulon, édité par Thibaud Le Meneec , modifié à

L'une des deux employés licenciés pour faute grave se dit "dégoûtée" par la décision de la direction du Cora de Saint-Malo. Ils comptent attaquer leur employeur devant le conseil des prud'hommes.

C'est une décision rarissime en France concernant le travail dominical : deux salariés de l'hypermarché Cora de Saint-Malo, en Ille-et-Vilaine, viennent d'être licenciés pour" faute grave". Ils ont simplement refusé de travailler le dimanche. L'une a 18 ans d'ancienneté et a été formée pour tenir la station-service, la bijouterie et enfin l'accueil. Son collègue masculin a été embauché il y a huit ans et travaillait au rayon crèmerie.

Aucune mention sur leur contrat de travail

Aucune mention de travail dominical ne figure sur leur contrat de travail. Il n'y a eu aucun avenant aux contrats de travail de l'ensemble des 200 salariés, lorsque la direction de la grande surface a ouvert son magasin tous les dimanches matins à partir du mois de mars 2018.

"'Le dimanche, c'est obligatoire, c'est comme ça'. J'ai dit : 'Moi, je ne veux pas'", raconte Christelle, licenciée. "Il [le directeur] dit que c'est la loi Macron et que vue la conjoncture actuelle, c'est son gagne-pain. C'était ça ou on prenait la porte directement. J'ai dit : 'Non, je ne le ferai pas'. Après, il y a eu une procédure pour faute grave. Faute grave ? Je lui ai dit qu'il fallait mieux, carrément, que je vole !" 

Entendu sur europe1 :
Je ne pensais pas qu'on m'aurait virée comme ça au bout de 18 ans de boîte

Il s'agit du seul des trois hypermarchés malouins à se lancer dans l'ouverture le dimanche, alors que Leclerc et Carrefour s'y sont refusés. Le changement imposait aux employés de venir travailler six dimanches matins par an. Il n'a pas été fait appel, ici, au volontariat, comme cela se pratique parfois dans d'autres établissements.

"Refuser de venir travailler le dimanche, ce n'est pas une faute grave. Je ne pensais pas qu'on m'aurait virée comme ça au bout de 18 ans de boîte. Je trouve que le dimanche [doit être consacré] à la vie de famille, avec un loisir. OK pour le volontariat, mais on ne doit pas forcer les gens à travailler le dimanche. Je suis dégoûtée, je suis en colère. Se faire jeter comme une malpropre… Ça me sidère, ça me met hors de moi."

Accord du salarié nécessaire

Ayant été licenciés pour faute grave, les deux salariés n'ont bénéficié d'aucun préavis ni indemnité de licenciement. Ils vont attaquer leur employeur devant le conseil des prud'hommes pour licenciement sans cause réelle ni sérieuse.

Le directeur du Cora de Saint-Malo n'a pas souhaité répondre aux questions d'Europe 1. L'inspectrice du travail de Saint-Malo estime pour sa part que "l'accord du salarié peut être nécessaire lorsque les nouveaux horaires ou la nouvelle répartition des horaires constituent une modification du contrat de travail", ce qui semble être le cas dans cette affaire.