1:20
  • Copié
Maud Descamps avec AFP , modifié à
Le premier ministre Edouard Philippe a présenté lundi depuis le ministère de l'Economie les résultats des contrôles fiscaux réalisés en 2019. Résultat : l'Etat a récupéré pas moins de neuf milliards d'euros. Un chiffre en nette hausse (+16,3%) par rapport à l'année précédente, grâce notamment à l'apport des nouvelles technologies. 

Environ 9 milliards d'euros ont été récupérés par l'Etat après des contrôles fiscaux en 2019, soit environ un milliard de plus qu'en 2018, a annoncé lundi le Premier ministre Edouard Philippe lors d'une conférence de presse à Bercy. "Nos efforts portent leurs fruits. Neuf milliards, c'est l'équivalent du budget du ministère de la Justice", a-t-il salué en présence de la Garde des Sceaux Nicole Belloubet et du ministre de l'Action et des Comptes publics Gérald Darmanin. "C'est un milliard de plus qu'en 2017 et 2018, donc un milliard de moins dans la poche de ceux qui ne respectent pas la loi", a encore souligné le chef du gouvernement.

Au total, l'administration fiscale a recouvré pour près de 10 milliards d'euros. Aux 9 milliards récupérés grâce aux contrôles s'ajoutent 530 millions issus d'amendes pénales versées par Google (500 millions) et la société de gestion Carmignac (30 millions), via deux conventions judiciaires d'intérêt public (CJIP), nouveau dispositif qui permet à une entreprise de négocier une amende sans procès et sans passer par une procédure de "plaider coupable". Enfin, le service de traitement des déclarations rectificatives, qui gère notamment la régularisation des comptes à l'étranger, a encaissé 358 millions d'euros.

À noter également : la hausse du nombre de contrôles déclenché grâce au "data mining", c’est-à-dire la croisée des données informatiques qui permet de détecter des incohérences entre, par exemple, le train de vie affiché sur Facebook et une déclaration de revenus. Cette technique a permis d’encaisser en 2019 quelque 785 millions d’euros, soit plus du double de la somme récupérée l’année précédente.

"Aucun passe droit, aucune indulgence, juste la loi"

S'agissant de la fraude fiscale, Edouard Philippe s'est dit "déterminé à faire en sorte que le consentement à l'impôt soit préservé et que surtout chacun respecte les mêmes règles".  "La fraude fiscale c'est (...) ni plus ni moins que la négation des principes aux fondations du pacte républicain", a-t-il affirmé. "Aucun passe droit, aucune indulgence, juste la loi", a-t-il martelé, en évoquant "des sommes tout à fait importantes, des dizaines de milliards, qui échappent au budget de l'Etat et de la Sécurité sociale". Ce sont "des milliards qui ne peuvent pas être investis dans le service public et les actions de solidarité", a-t-il déploré.

Alors que la Cour des comptes, missionnée l'an passé par le Premier ministre, n'avait pu produire une évaluation globale du montant de la fraude fiscale, Edouard Philippe a rappelé avoir demandé à l'Insee d'élaborer un instrument. "Je rendrai compte à l'automne de l'avancement de ces travaux", a-t-il précisé, tout en soulignant la difficulté de l'exercice. Le syndicat Solidaires finances publiques, souvent cité sur le sujet, estime à environ 80 milliards d'euros par an le montant de cette fraude.