Départements asphyxiés : "ce n'est pas de la colère mais du désespoir"

Dominique Bussereau 1280
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Lionel Gougelot avec Margaux Baralon
DOTATIONS - Le président de l'assemblée des départements de France, Dominique Bussereau, a menacé l'Etat de mesures de rétorsion si jamais celui-ci ne l'aide pas à financer le RSA.
INTERVIEW

Il doit être reçu la semaine prochaine par Manuel Valls. En attendant, Dominique Bussereau ne décolère pas. Le président de l'assemblée des départements de France (ADF) dénonce en effet l'effet de "ciseau" dont souffrent les collectivités françaises. Alors que les dotations de l'Etat baissent drastiquement, les départements doivent faire face à la montée des allocations de solidarité. Et notamment du revenu de solidarité active (RSA), qui est à leur charge.

"Ne pas pouvoir répondre aux attentes". "Ce n'est pas de la colère, c'est du désespoir", a confié le président de l'ADF au micro d'Europe 1 vendredi. "Désespoir de ne pas pouvoir faire notre boulot, de ne pas pouvoir répondre aux attentes de nos citoyens, notamment les plus modestes d'entre eux." De fait, si le RSA est versé par les caisses d'allocations familiales (CAF), c'est ensuite aux départements de rembourser ces-dernières. Mais, faute de fonds suffisants, ils accumulent les dettes. La caisse nationale d'allocations familiales a ainsi pointé une dette de 110 millions d'euros en 2015

Plomber les statistiques du chômage. Pour pousser l'Etat à mettre la main au porte-monnaie, Dominique Bussereau n'exclut donc pas des mesures de rétorsion. "Si nous ne réussissons pas à convaincre l'Etat, on va décider des choses pas gentilles", a t-il prévenu. "Par exemple, obliger nos allocataires à s'inscrire à Pôle emploi." Ce qui viendrait plomber les statistiques du chômage déjà assez mauvaises à la fin du mois. Le président de l'ADF menace également de "ne plus payer à la place de l'Etat pour la gendarmerie". En effet, les départements avancent généralement les financements avant que l'Etat les rembourse, "sur plein d'années", a détaillé Dominique Bussereau.

"Département mort". Autre possibilité : des journées "département mort". "Pas de ramassage scolaire, pas de nourriture dans les collège, pas d'assistante sociale, pas d'entretien des routes, pas de travail dans les ports pendant une journée", a expliqué le président de l'ADF. Les départements, qui ne manquent décidément pas d'idées pour se faire entendre, pourraient enfin remettre en cause les contrats de plan Etat-région, et refuser de participer aux financements de projets importants, comme la création d'infrastructures.