Les associations souhaitent que des usines soient réquisitionnées pour fabriquer notamment des masques. 1:44
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Aurélien Fleurot avec Salomé Legrand et AFP, édité par Antoine Terrel , modifié à
Cinq associations de soignants, patients et juristes demandent à la plus haute juridiction administrative de contraindre le gouvernement à réquisitionner des usines pour fabriquer des masques, des tests, ou encore des médicaments, afin de mieux lutter contre l'épidémie de coronavirus. En parallèle, une partie de l'industrie automobile va participer à la fabrication de respirateurs. 

Ils souhaitent que l'exécutif "cesse de tergiverser". Cinq associations de soignants, patients et juristes ont demandé au Conseil d'État de "contraindre" le gouvernement à réquisitionner les usines permettant de fabriquer les masques, tests et médicaments nécessaires à la lutte contre l'épidémie de coronavirus. Ce recours en "référé mesures utiles" devant la plus haute juridiction administrative a été déposé lundi par les collectifs Inter-Urgences et Inter-Hôpitaux, la Coordination nationale infirmière (CNI), Act-Up Paris et l'Association de défense des libertés constitutionnelles (Adelico).

Leur requête, dont l'AFP a obtenu copie mardi, a pour but "de mettre fin aux hésitations de l'exécutif" et "de contraindre le Premier ministre à prendre immédiatement les mesures réglementaires de réquisition". Ces dernières sont rendues possibles par la loi d'urgence promulguée la semaine dernière. En revanche, les juges ne sont pas tenus par un délai pour se prononcer. 

"Il y a une économie de guerre à mettre en place"

Les associations visent notamment les "usines de production nécessaires" pour fournir aux professionnels divers équipements (masques FFP2, lunettes, respirateurs...), mais aussi "des masques chirurgicaux aux malades et à la population générale". Mais la demande porte également sur l'approvisionnement en "moyens de dépistage massif" et l'autorisation de "tous les laboratoires vétérinaires et de biologie médicale à réaliser les tests". Il en va de même des "thérapeutiques curatives ou palliatives", dont la pénurie naissante "prive certaines personnes de chances de survie et remet en cause pour d'autres le droit de mourir dans la dignité".

Selon les associations, "ces mesures de réquisition sont indispensables pour envisager la fin du confinement administratif" en vigueur depuis le 17 mars et prolongé jusqu'au 15 avril au moins. Au micro d'Europe 1, le professeur André Grimaldi, du collectif Inter-Hôpitaux, alerte sur l'urgence d'une telle décision. "On ne peut pas dire qu'on est en guerre sanitaire et ne pas prendre des décisions d'économie de guerre", estime-t-il. Selon lui, la priorité de l'économie doit consister à "protéger les soignants et l'ensemble des personnels qui ont des risques, comme les transporteurs, les caissiers, les facteurs, les pompiers et la police. Ça doit être la priorité absolue. Il y a une économie de guerre à mettre en place, et on ne doit pas seulement en appeler à la bonne volonté des industriels". 

L'industrie automobile prête à se mobiliser

Face à l'urgence, une partie de l'industrie automobile a dores-et-déjà prévu de se mobiliser. Ainsi, alors que son usine d'Anthony, dans les Hauts-de-Seine, est déjà au travail 7 jours sur 7 et 24 heures sur 24, Air Liquide, seul fabricant de respirateurs en France, doit faire passer sa production de 500 appareils en mars à 1.500 dès le mois d'avril, puis 2.000 en mai. Pour y arriver, le groupe est en train de nouer des partenariats avec le constructeur automobile PSA mais aussi avec l'équipementier Valéo.