Vers une mutuelle pour chaque salarié ?

Laurence Parisot a confirmé jeudi que les chefs d'entreprise étaient d'accord sur la généralisation de l'accès à une complémentaire santé d'entreprise à tous les salariés
Laurence Parisot a confirmé jeudi que les chefs d'entreprise étaient d'accord sur la généralisation de l'accès à une complémentaire santé d'entreprise à tous les salariés © PHOTOPQR/L'ALSACE / Jean Francois FREY
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C'est l'une des exigences des syndicats dans le cadre de la négociation sur l'emploi. Explications.

L'INFO. Le travail, c'est la santé, dit la chanson. Mais pas pour tout le monde. Encore 3,5 millions de salariés n'ont pas accès à une complémentaire santé d'entreprise, soit 40% d'entre eux. Et cela ne peut pas durer, arguent les syndicats. Ils en font là une revendication dans la négociation sur l'emploi avec le patronat, qui reprend jeudi.

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Le contexte. Ces discussions, censées aboutir à "l'accord historique" sur le marché du Travail souhaité par François Hollande,  traînent depuis octobre. La date butoir, initialement prévue mi-décembre, est fixée à vendredi. La CFDT, qui détient peut-être les clés d'un accord par ses propositions potentiellement consensuelles, fait du problème des mutuelles d'entreprise l'une de ses "quatre exigences fortes".

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Que réclament précisément les syndicats ? Aujourd'hui, les deux tiers des salariés sont couverts par une complémentaire santé à travers un "contrat collectif". Le principe ? L'employeur paye une partie de la facture, en vertu d'un accord passé avec une mutuelle. En moyenne, 57% des frais sont à la charge de l'employeur dans ces cas là. Les syndicats réclament la généralisation de ces contrats pour 100% des salariés. Par ailleurs, il existe d'énormes disparités entre les entreprises, en fonction de leur taille notamment. Certaines d'entre elles paient moins de la moitié des frais ou ne paient que pour un accès à une gamme limitée de soins. Les syndicats voudraient le même système pour chaque entreprise. Ils réclament, enfin, une homogénéisation des contrats entre les cadres et les non-cadres.

Le Medef va-t-il accepter ? Le patronat a accepté "sur le principe" la revendication. Elle pourrait être concédée aux syndicats, en échange de plus de flexibilité à l'embauche ou encore d'une meilleure sécurisation des licenciements. "Nous sommes favorables sur le principe, ce qui voudrait dire que d'ici quatre ans, l'ensemble des salariés qui n'ont pas ce type de couverture pourrait en bénéficier", a assuré Laurence Parisot, jeudi matin sur Europe1. Mais "cela ne se fera pas avant quatre ans, car les salariés dépourvus de complémentaires sont surtout dans les PME", a-t-elle toutefois prévenu, expliquant qu'il faut "laisser le temps aux PME d'absorber le coût."

Et concrètement, comment ça va se passer ? En regardant au-delà du "principe", tout reste encore flou. "Nous devons encore négocier certains paramètres avec les syndicats", reconnaît Laurence Parisot. Or l'enjeu des "paramètres" n'est pas moindre. Car le coût d'une telle mesure pourrait varier entre deux et quatre milliards d'euros selon les modalités. Ce qui divise encore syndicats et patronat, c'est la question de savoir si les contrats seront différents ou non selon les secteurs d'activité. Le patronat a voté pour mais les syndicats ne sont pas trop emballés, craignant une inégalité entre les branches.  Aux dernières avancées des négociations, les deux parties se seraient mises d'accord sur un principe général concernant la répartition des coûts. Le coût avoisinerait trois milliards par an, pour un effort partagé à 50%-50% par les salariés et les entreprises. Mais le contenu des contrats ou encore l'homogénéité cadre/non-cadre se déciderait alors par branche.