Vente de Rafale : l'Inde prête à passer commande

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BUSINESS - L'Inde va se porter acquéreur de 36 avions Rafale de Dassault Aviation fabriqués en France, 

Commande est passée ! Après 27 années d’attente, Dassault Aviation a réussi mi-février à vendre pour la première fois son avion de combat à l’Egypte. Et ce n'est pas fini. L’Inde, intéressée par le Rafale depuis 2012, va se porter acquéreur de 36 avions Rafale de Dassault Aviation fabriqués en France, a annoncé vendredi à 19h le Premier ministre indien Narendra Modi au premier jour d'une visite officielle en France. Le quotidien Le Monde évoquait plus tôt dans la journée la signature imminente d’un contrat pour 63 appareils. 

Pour les détails on attendra. Dans les deux cas, il s'agit d'un nombre bien inférieur aux 126 Rafales initialement évoqués, mais qui présente un avantage pour l’économie française : ils seront fabriqués en France, et non en Inde, qui réclamait depuis des mois un transfert de technologie. Le Premier ministre, qui s'exprimait en hindi, a précisé que les termes et conditions du contrat n'étaient pas finalisés. "Nos fonctionnaires vont discuter de ces aspects plus en détail et poursuivre les négociations", a-t-il dit.

Un client intéressé de longue date mais dur en affaires. L’intérêt de l’Inde pour l’avion multitâche conçu par Dassault n’est pas une nouveauté : New Delhi y pense depuis 2001 et négocie officiellement avec Paris depuis 2012. Mais ces discussions trainaient en longueur, l’Inde négociant les moindres détails, dont certains ne sont pas anodins : initialement, les discussions portaient sur l’achat de 126 Rafales, mais les Indiens souhaitaient bénéficier d’un transfert de technologie et pouvoir les construire eux-mêmes sur leur sol. Il a même un temps été question que New Delhi puisse ensuite commercialiser elle-même ce Rafale "Made in India" dans la région.

En échange d’une première vente tant attendue et d’un contrat d’environ 20 milliards, la France et Dassault Aviation étaient donc prêts à faire d’importantes concessions. Mais entre-temps un premier contrat d’exportation a enfin été conclu avec l’Egypte, incitant les Français à moins se presser. L’Inde a bien répliqué en évoquant son intérêt pour un concurrent du Rafale, la dernière version du Sukhoï russe. Mais la stratégie s’est visiblement révélée peu payante.

Car l’Inde, qui jouait la montre, commence à être elle-même pressée par le temps : le pays a beau être l’un des principaux acheteurs d’armements dans le monde, son aviation commence à vieillir. Vendredi matin, The Hindustan Times affirmait ainsi qu’une signature pourrait être imminente en raison de "nécessités opérationnelles", une manière pudique de dire qu’elle en a besoin rapidement. D’autant plus que l’armée indienne est en conflit larvé avec le Pakistan et la Chine et ne peut se permettre de ne pas avoir de force aérienne opérationnelle. 

Une bonne nouvelle pour la France. Côté français, une telle signature est bien entendu une bonne nouvelle, même si la commande est moins importante que prévu. Car sur les 126 Rafales évoqués initialement, seuls les 18 premiers devaient être construits en France, le reste devant alors être assemblé en Inde. Or, si les 36 Rafale seront finalement construits en France, c'est pour deux raisons avance Le Monde : d’abord car la création d’une ligne d’assemblage en Inde aurait pris trop de temps aux yeux de New Delhi, ensuite parce que cette création ex-nihilo aurait finalement coûté plus cher qu’une fabrication en France, où les usines et les équipes sont déjà rodées.

La signature est aussi un motif de satisfaction en termes d’emplois : le Rafale fait actuellement travailler 7.000 personnes dans 500 entreprises françaises.

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