Une industrie de défense européenne éclatée face aux géants américains

  • Copié
Rédaction Europe1.fr , modifié à
L'industrie européenne de défense arrive une nouvelle fois en ordre dispersé au salon de l'air du Bourget (Seine-Saint-Denis) face aux géants américains, alors que le chantier des rapprochements industriels sur le Vieux continent reste encore largement à mener pour tirer profit de ce marché lucratif.

L'an dernier, le groupe européen EADS a détrôné la firme américaine Boeing pour la place de premier groupe d'aéronautique et de défense mondial en termes de chiffre d'affaires, selon un classement établi par le cabinet Deloitte. Mais sur ce marché "très concentré", sept entreprises sur les dix premières sont américaines, avec des géants comme Lockheed Martin, Northrop Grumman ou Raytheon, souligne Deloitte. Ceux-ci sont fortement implantés dans la défense à la différence d'EADS qui dépend beaucoup de sa filiale d'avions civils Airbus.

Deux facteurs expliquent cette prédominance des Etats-Unis: "Il y a eu une concentration américaine sans équivalent en Europe" dans l'industrie d'armement et "les budgets de la défense américains sont beaucoup plus importants", explique Jean-Paul Hébert, de l'École des hautes études en sciences sociales. Le budget du Pentagone reste en effet le premier poste budgétaire des Etats-Unis, représentant plus de 40% de l'ensemble des dépenses militaires mondiales. Cette tendance devrait perdurer, même si l'administration Obama a décidé de couper dans des programmes d'équipement qui avaient connu d'importantes dérives de coûts, comme l'avion de chasse F-22 Raptor de Lockheed-Martin et Boeing.

Au plan mondial, le marché de la défense reste l'un des plus lucratifs et ne connaît pas de bas de cycle. Les dépenses militaires mondiales ont atteint un record l'an passé avec 1.464 milliards de dollars soit une hausse de 45% sur dix ans, selon l'Institut international de recherche pour la paix de Stockholm (Sipri). EADS a dit être bien décidé à profiter de ce marché immense et à moins dépendre d'Airbus. Mais son plan de développement dans la défense, notamment aux Etats-Unis, est actuellement freiné par la crise: la priorité est à la préservation de la trésorerie plus qu'aux acquisitions qui lui permettraient de croître sur ce terrain.