Une ferme géante dans les rues de Paris

Des centaines d'animaux sont dans les rues de Paris dimanche, à l'occasion d'une grande manifestation des éleveurs.
Des centaines d'animaux sont dans les rues de Paris dimanche, à l'occasion d'une grande manifestation des éleveurs. © Reuters
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Thomas Morel et Pascal Berthelot , modifié à
Des milliers d'éleveurs ont manifesté dans la capitale pour dénoncer la faiblesse de leurs revenus.

L'info. Manifestation étonnante dans les rues de Paris. Plus de 10.000 éleveurs - 6.200 selon la préfecture de police de Paris -, accompagnés de centaines de bêtes, veaux vaches et cochons, arpentent depuis dimanche matin les rues de la capitale. Une démonstration de force en forme de ferme géante, avec tonte des moutons, barbecue géant et distribution de verres de lait à l'initiative de la FNSEA, qui s'est fixée un objectif : dénoncer le niveau de vie en berne des éleveurs français.

Un "point de rupture". "C'est un message de détresse et de désarroi que nous exprimons aujourd'hui", a souligné sur Europe 1 Pierre Chevalier, président de la fédération bovine, affiliée à la FNSEA. C'est un enjeu national qui fera date dans l'histoire. "Nous sommes au point de rupture économique et sociologique", insiste-t-il.

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Quatre fois moins qu'un céréalier. Cette année, un éleveur de vache à viande gagne en effet 1.300 euros par mois, tout comme un éleveur de mouton. Un salaire faible, d'autant plus difficile à supporter que d'autres agriculteurs gagnent beaucoup mieux leur vie : l'an dernier, les céréaliers ont gagné, eux plus de 6.000 euros par mois. Le problème de l'élevage français, c'est qu'il est pris en tenailles entre d'un côté la hausse du prix des céréales utilisées pour nourri les animaux, et de l'autre l'intransigeance de la grande distribution, qui refuse de payer plus cher la viande pour compenser.

"Enormément de contraintes". "On ne gagne pas assez notre vie au regard du temps passé", explique ainsi Michel Joly, éleveur de bovins en Bourgogne. "C'est un emploi 24 heures sur 24, avec énormément de contraintes. On en a un peu marre". Car en plus de voir leurs revenus chuter, les éleveurs doivent composer avec des réglementations de plus en plus drastiques, sans compter le nombre de normes environnementales, qui n'en finit plus de grimper. Un cahier des charges qui, à écouter certains éleveurs, menacerait désormais l'avenir de la profession.