Une croissance révisée, ça change quoi ?

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François Hollande a confirmé mardi que la France n'atteindrait pas son objectif de 0,8 %.

L’INFO. Après des mois à marteler que la croissance de l’économie française serait bien de 0,8% malgré le scepticisme de tous les économistes, le gouvernement a effectué mardi un douloureux correctif : oui, la croissance française sera moins élevée qu’annoncé. Initialement prévue à 1,2% puis revue à 0,8%, l’hypothèse de croissance oscille désormais entre 0,2 et 0,3%. Un changement qui n’est pas sans conséquence.

Laurent Fabius

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• Ce qu’en dit le gouvernement. "On va être obligés de la revoir en baisse", a reconnu mardi Laurent Fabius sur RTL. Interrogé sur l’hypothèse d’une croissance de 0,2 à 0,3%, le ministre des Affaires étrangères a ajouté : "c'est autour de ce chiffre". Le ministère de l’Economie Pierre Moscovici, n’a pas tardé à réagir, martelant que la nouvelle prévision n’était "pas encore arrêtée", sans pour autant démentir Laurent Fabius. Mais quelques minutes plus tard, François Hollande a confirmé à Athènes que la France n'atteindrait pas son objectif de 0,8 % de croissance en 2013.
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"C'était un secret de polichinelle !". Cet aveu du numéro deux du gouvernement n’a pas vraiment surpris les observateurs, et notamment Jacques Attali. "C'était un secret de polichinelle ! Depuis très longtemps, les agences, instituts de conjoncture, la Commission européenne, parlaient de 0,2, 0,3, certains disent même -0,5%", a-t-il réagi sur Europe 1. "Ça ne fait que confirmer que le redressement de la situation de l'Europe dans son ensemble est loin d'être au tournant", a ajouté l’économiste.

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64.000 chômeurs supplémentaires. Avec une prévision de croissance rabaissée de 0,5%, il est certain que l’économie ne créera pas de nouveaux emplois. Pire, elle risque d’en perdre : "lorsque vous perdez 1% de croissance, cela se traduit par 160.000 suppressions d’emplois", décrypte pour Europe1.fr Eric Heyer, économiste à l’OFCE. La nouvelle prévision de croissance est donc synonyme de 80.000 emplois supprimés, soit au moins 64.000 chômeurs en plus, en vertu de l’effet de flexion. Dans ce contexte, l’objectif de François Hollande d’inverser les courbes du chômage d’ici la fin de l’année parait compromis.
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9 milliards d'euros en moins dans les caisses de l’Etat. Moins d’activité économique, c’est aussi moins de recettes fiscales pour un Etat déjà au régime pour limiter ses déficits. "Un demi-point de moins de croissance, c'est 9 à 10 milliards (d’euros en moins pour l’Etat)", a précisé Stéphane Le Foll, mardi sur Europe 1. La France risque donc de ne pas respecter son engagement de limiter son déficit à 3% en 2013, ce qu'a déjà laissé entrevoir Laurent Fabius en déclarant "que c'est probable" que la France ne tienne pas ses promesses en la matière.
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Un nouveau tour de vis en perspective ? Si le gouvernement tient à respecter la feuille de route européenne, les solutions sont limitées : réduire les dépenses ou augmenter les recettes, c’est-à-dire les impôts et les taxes. Le gouvernement va-t-il donc annoncer de nouvelles mesures pour trouver une dizaine de milliards d’euros ? "Si ce sont des économies sur les investissements, non, mais des économies sur le fonctionnement oui, que ce soit au niveau de l'Etat, au niveau des collectivités, au niveau de la Sécurité sociale", a répondu Laurent Fabius. Réponse fin mars, lorsque le gouvernement présentera son correctif budgétaire au parlement et sa feuille de route à la Commission européenne.
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