Transition énergétique : ça pourrait marcher si...

Les politiques publiques de soutien aux énergies renouvelables ont coûté 14,3 milliards d'euros entre 2005 et 2011 et doivent être mieux ciblées pour atteindre les objectifs fixés et avoir un impact positif sur l'emploi, estime la Cour des Comptes.
Les politiques publiques de soutien aux énergies renouvelables ont coûté 14,3 milliards d'euros entre 2005 et 2011 et doivent être mieux ciblées pour atteindre les objectifs fixés et avoir un impact positif sur l'emploi, estime la Cour des Comptes. © Reuters
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avec Reuters , modifié à
La Cour des comptes estime à 14 milliards d'euros, entre 2005 et 2011, le coût du soutien aux énergies renouvelables et dénoncent un mauvais ciblage.

Le chiffre. 14,3 milliards d'euros. C'est ce qu'ont coûté les politiques publiques de soutien aux énergies renouvelables, entre 2005 et 2011. Dans un rapport publié jeudi, la Cour des comptes dénonce le mauvais ciblage de ces politiques. Mais elle reste optimiste : les objectifs de la transition énergétique restent tenables.

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Le verdict général. La France ambitionne d'atteindre 23% d'énergies renouvelables dans sa consommation en 2020, contre environ 15% actuellement, essentiellement fournis par les barrages. "L'analyse de la Cour montre que (ces objectifs) peuvent être atteints mais que de nombreux obstacles doivent être levés. Le principal est le coût encore trop élevé de nombreuses technologies", a commenté Didier Migaud, premier président de la Cour des Comptes, lors d'une conférence de presse. 

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L'écolo ne coûte pas forcément plus cher. Selon la Cour des comptes, sortir du nucléaire n'est pas une lubie inatteignable, car produire écolo ne coûte pas forcément plus cher. "Certaines filières électriques renouvelables ont des coûts devenus voisins de ceux du nucléaire", assure Didier Migaud, citant l'hydraulique et l'éolien terrestre dont les coûts de production sont estimés entre 60 et 100 euros le megawattheure (mwh). A l'inverse, le solaire photovoltaïque coûte entre 100 et 700 euros le mwh à produire. À titre de comparaison, le coût de production de l'électricité nucléaire de l'EPR de Flamanville sera compris selon EDF entre 70 et 90 euros le mwh, rappelle l'institution, qui appelle donc le gouvernement à faire les bons choix d'investissement à l'avenir.

Miser davantage sur l'éolien que le solaire. La Cour propose notamment "de réserver les appels d'offres aux filières les plus en retard dans la réalisation de leurs objectifs de capacité et aux installations qui ne bénéficient pas d'un tarif d'achat fixe pour éviter les effets d'aubaine". La Cour pointe notamment du doigt l'énergie solaire photovoltaïque. Le secteur a en effet bénéficié d'appels d'offres privilégiés en 2013, alors que cette filière est déjà en avance sur l'objectif de 5.400 megawatts (MW) en 2020. A l'inverse, l'énergie éolienne terrestre - "sur le point d'être compétitive" - accuse un retard important avec seulement 7.500 MW installé contre 19.000 MW d'objectifs pour 2020.

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Le rapport propose également que les aides aux énergies renouvelables (ENR) soient plus efficaces, en les réservant aux installations les plus efficientes compte tenu de leur coût, de leur part dans la production énergétique et de leur contenu en emplois. Elle demande également d'augmenter le soutien financier à la recherche, qui atteignait seulement 300 millions d'euros pas an.

Le passé critiqué. Les Sages ne se montrent pas tendres avec les mesures prises par le passé. Le financement de la contribution au service public de l'électricité (dite "CSPE", une taxe payé par le consommateur sur la facture d'électricité), qui permet de soutenir le développement des énergies renouvelables, doit ainsi être révisé, dit la Cour. "Pour l'instant seul le consommateur d'électricité paie cette charge. Ce n'est pas justifié à partir du moment où on finance l'ensemble de l'énergie renouvelable", a critiqué Gilles-Pierre Levy, président de la deuxième chambre de la Cour, citant la possibilité de mettre les carburants à contribution. D'autant que le coût de cette taxe, estimé à 3 milliards d'euros entre 2005 et 2011, pourrait grimper à 40,5 milliards entre 2012 et 2020 si les objectifs de transitions énergétiques veulent être tenus. Pas sûr que le consommateur soit prêt à le supporter.