Toyota, la fin du miracle ?

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Maud Descamps (avec Gabriel Vedrenne) , modifié à
Le constructeur est victime d’une série d’incidents qui pourrait marquer la fin de la success story.

En deux semaines seulement, le géant japonais qui se targuait d’être le meilleur, a connu un enchaînement de problèmes techniques sur ses véhicules. Des tapis qui se coincent sous l’accélérateur, des pédales d’accélération qui se bloquent et des problèmes de freins sur sa voiture vedette, la Prius, ont entaché son image de marque. Ce qui pourrait lui faire perdre sa place de leader.

Une note salée

Pour les seuls Etats-Unis, Toyota a dû rappeler 5,3 millions de véhicules. "C’est surtout aux Etats-Unis où Toyota risque gros. Il faut aussi savoir que le consommateur a un pouvoir beaucoup plus important outre-Atlantique qu’en France", rappelle Stanislas Grenapin, spécialiste automobile d’Europe 1.

Aux Etats-Unis les consommateurs peuvent, en effet, entamer des class actions (actions de groupes en justice) contre le constructeur. L’addition pourrait être salée. Les estimations du coût du rappel et de l'arrêt de la production des modèles incriminés vont de 790 millions à 1,6 milliard d'euros selon certains analystes.

Le gouvernement américain envisage, également, de poursuivre Toyota en justice pour sa gestion de la crise des accélérateurs. L'administration fédérale chargée de la sécurité routière a fait savoir qu'elle envisageait de sanctionner le constructeur pour la lenteur de sa réaction. Dix jours se sont en effet écoulés entre l'annonce des rappels et celle des premières solutions.

Une aubaine pour l’industrie américaine ?

Une prise de sanction du gouvernement à l’encontre de Toyota nuirait davantage à son image. "On peut se demander s’il ne s’agit pas de protectionnisme des Etats-Unis", analyse Stanislas Grenapin.

L’administration américaine pourrait profiter de ces incidents pour enfoncer davantage le japonais et laisser la voie libre à ses constructeurs nationaux qui n’ont pas passé une très bonne année. Les ventes du groupe aux Etats-Unis ont chuté de 19% en janvier et sont tombées au plus bas depuis 1999. Au cours du même mois, Ford a progressé de 24% et General Motors de 14%.

La fin du miracle Toyota

Toyota entrerait-il dans une mauvaise phase ? "Non, il entre simplement dans le rang, explique Stanislas Grenapin, Toyota devient un constructeur normal avec ses difficultés".

La firme multiplie les sorties : elle promet de réaliser les réparations gratuitement, puis lundi, le patron de Toyota aux Etats-Unis a enchaîné les interviews. Mais rien n’y fait, l’action de l’entreprise a chuté de 5,69% mercredi à la Bourse de Tokyo. Le même jour, le constructeur a annoncé qu’il rappelle, pour le même problème, des voitures vendues au Mexique.

Chez Toyota France, contacté par Europe1.fr, on se garde de faire le moindre commentaire sur la situation. "Le nombre de rappels qui concerne la France sera annoncé en début de semaine prochaine", a-t-on simplement indiqué.