TVA : la pilule a du mal à passer

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Sophie Amsili avec agences , modifié à
La hausse des taux plein et intermédiaire inquiète les restaurateurs et le bâtiment.

Sans surprise, l'annonce mardi d'une hausse des taux de TVA est très mal accueillie auprès des secteurs les plus concernés, comme la restauration et le bâtiment. Passage en revue

Ce qui change. L'allègement de charges des entreprises, sous forme de crédits d'impôt, annoncé mardi par le gouvernement est compensé pour moitié par une hausse de la fiscalité et notamment de la TVA. Le taux normal passe ainsi de 19,6%  à 20% et le taux intermédiaire, qui s'applique par exemple à la restauration, à la rénovation de logements, aux services à la personne et aux médicaments non remboursables, est relevé de 7% à 10%.  Seul le taux de 5,5% appliqué aux biens de première nécessité comme l'alimentation et l'abonnement au gaz et à l'électricité, est abaissé de 0,5 point à 5%.

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Ce qu'en dit le bâtiment. "Cette hausse aura des effets catastrophiques sur l’activité et sur l’emploi, provoquant inévitablement un retour massif du travail au noir, s'alarme la Fédération française du bâtiment (FFB) dans un communiqué. Cette mesure "est contraire à tous les engagements pris depuis des mois par le gouvernement et le président de la République, qui a même formellement démenti, le 19 octobre dernier, toute hypothèse de hausse de la TVA dans le bâtiment", rappelle la FFB. Le secteur prévoit "la perte d’au moins 20 000 emplois", "la fin des engagements en faveur de la rénovation énergétique de 500 000 logements par an" et un impact sur "l’activité des organismes HLM".  

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Ce qu'en pensent les restaurateurs. "Il est clair qu'il y aura un nombre d'emplois très important sacrifiés à terme", prévient Didier Chenet, président du Synhorcat, le syndicat des hôteliers restaurateurs, cafetiers et traiteurs. Celui-ci avait déjà évoqué 10.000 emplois perdus par point de TVA relevé. Quant aux clients, ils seront également pénalisés : selon Didier Chenet, "ça va être la baisse du pouvoir d'achat des Français puisque les prix vont augmenter".

Le secteur s'attendait bien à perdre son avantage hérité de la présidence de Nicolas Sarkozy. Mais l'annonce du Premier ministre a coupé court aux discussions en cours entre Bercy et les représentants de la profession. "On a une décision brutale, prise comme ça par le gouvernement", a déploré Didier Chenet. Ce à quoi Bercy n'hésite pas à répondre que "le pacte de compétitivité est décorrélé de la concertation"  et brandit la menace qu'"une remontée à taux plein" est toujours possible.

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Et l'UFC Que Choisir ? L'association de consommateurs fait elle aussi connaître son mécontentement, mais pas pour les mêmes raisons. Le gouvernement a raté l'occasion de mettre en place une TVA plus intelligente, estime-t-elle : "La logique de la TVA est devenue obsolète",explique Alain Bazot, président de UFC-Que Choisir, qui qualifie les taux réduit à 7% et à 5,5% "de grands fourre-tout". Et de pointer quelques incohérences : la taxation des transports publics passera de 7% à 10%, alors que l'on "veut favoriser leur utilisation". A l'inverse, tous les aliments verront leur taux abaissé à 5%, qu'ils soient "sains" comme les fruits et légumes ou qu'il s'agisse de "barres chocolatées".