Surendetté, il attaque les créanciers

© MAXPPP
  • Copié
avec Frédéric Michel et agence , modifié à
Sa femme s’est suicidée. Elle avait contracté 27 crédits auprès de 14 organismes pour 207.000€.

Il n’a rien vu venir et aujourd’hui doit plus de 207.000 euros à 14 organismes de crédits à la consommation. Jacques Schnegg, habitant de Meurthe-et-Moselle, a découvert au suicide de sa femme, en août 2009, qu’elle s’était endettée alors qu’elle gérait entièrement les comptes du ménage.

Une spirale infernale

Le mari, absent 200 jours par an en raison de déplacements professionnels à l'étranger, ignorait l'existence de ces prêts, que sa femme contractait parfois en imitant sa signature. Ainsi, en moins de trois ans, elle a contracté 27 crédits revolving pour un total de 5.900 euros de mensualités.

Au départ, il s’agissait selon l’avocat de la famille Me Franck Vouaux, d’une "souscription presque compulsive" de la part de l'épouse de Jacques Schnegg. Mais, ajoute-t-il sur Europe 1, "ensuite, la perversité du système fait qu’on se ré-endette pour épurer les dettes plus anciennes".

"C’est si simple" de tomber dans cette spirale infernale :

14 organismes visés

Le mari de la défunte, âgé de 48 ans et père de quatre enfants, a décidé d’assigner en justice les 14 organismes de crédits concernés pour manquement à leur obligation de vérification. "Le pire, c'est que parmi les 14, un seul et même organisme a accordé six prêts, pour un montant global de 45.000 euros en deux ans", a expliqué Me Franck Vouaux.

Face à cette "véritable addiction de souscription compulsive", les organismes "n'ont pas procédé aux vérifications minimales de sincérité, alors que d'une part l'imitation de la signature était grossière, de l'autre la famille n'avait pas une capacité de remboursement suffisante, puisque le ménage ne gagnait que 2.300 euros par mois", estime l'avocat.

L'épouse surendettée s’est donnée la mort en août 2009, en laissant une lettre dans laquelle elle expliquait ne plus s'en sortir et craindre que sa famille ne lui pardonne pas de s'être autant endettée. Les mensualités de remboursement atteignent aujourd'hui 5.900 euros, selon Me Vouaux, alors qu'un dossier de surendettement a été déposé auprès de la Banque de France.