Supermarchés : une hausse des prix ?

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avec Elisabeth Assayag , modifié à
La hausse des matières premières complique les négociations entre industriels et distributeurs.

Depuis mai 2010, le prix du blé a augmenté de plus de 60 %. Idem pour la cacao. Le café, lui, est mieux loti, puisqu’il n’a augmenté "que" de 30%. Ces hausses des prix des matières premières ne sont pas sans conséquence. Elles pourraient frapper au portefeuille le client des grandes surfaces dans les semaines à venir. C’est tout l’enjeu des négociations annuelles qui ont lieu en ce moment entre les 20.000 industriels de l'agroalimentaire et les sept grandes enseignes de la distribution.

Industriels contre supermarchés

Les Carrefour, Auchan et autres Leclerc font pression pour conserver leurs prix inchangés. Mais en face, les industriels poussent dans le sens inverse. De peur d’être supprimés des rayons, ils se font traditionnellement discrets. Mais pour Emmanuel Vasseneix, dirigeant de "la Laiterie de Saint-Denis de l'hôtel", près d'Orléans, c’en est trop. "Aujourd’hui, très clairement, ce sont les industriels qui prennent seuls les hausses en direct", assure au micro d’Europe 1 le chef d’entreprise. "Et là, on va droit vers des arrêts de livraison, des dépôts de bilan, ou des plans sociaux au niveau des entreprises."

"On est dans une spirale infernale" :

L’homme pointe la frilosité de ses interlocuteurs de la grande distribution. "Ils nous disent : ‘on voudrait bien accepter vos hausses, sauf qu’aujourd’hui, comme personne ne monte les prix de vente consommateurs, on ne peut pas prendre sur nos marges parce que c’est nous qui allons rencontrer des difficultés’. On est dans une spirale infernale", déplore Emmanuel Vasseneix. "Alors que dans d’autres pays comme l’Allemagne, à côté de chez nous, il y a eu ces évolutions tarifaires qui ont été répercutées au niveau des prix des produits."

De son côté, le patron de la marque Doux, impactée par la hausse de près de 40% du prix des céréales, indispensables à la nourriture de volailles, estime que l’idéal serait d’augmenter les prix dans les rayons de… 20% Actuellement, jure-t-il, il perd 30 centimes d’euros par poulet.

"Ce qu’on souhaite, c’est négocier"

Dans le camp d’en face, les distributeurs assurent qu’ils ne sont pas contre une hausse des prix, mais une hausse réfléchie. "On vérifie si la hausse correspond vraiment à la partie matière première dans le prix du produit", précise Jérôme Bédier, représentant des distributeurs. "Nous, ce qu’on souhaite surtout, c’est négocier."

Voilà pour la version officielle. Dans la réalité, un autre critère peut être pris en compte. Sur son blog, Michel Edouard Leclerc fait ainsi la différence entre les petits fabricants qui, dit-il, sont légitimes à demander une hausse de leur prix, et les grandes multinationales de l'agroalimentaire qui, toujours d'après Leclerc, prennent le prétexte de la hausse du prix des matières premières pour se refaire leur marge. Les négociations, particulièrement tendues cette année, devraient se terminer fin février. Pour une éventuelle hausse, il faudra alors compter entre un et deux mois, le temps d’ajuster les tarifs.