Soldes boudés, commerçants aigris

A quelques heures avant la fin des soldes d'hiver, le moral est au plus bas pour les commerçants.
A quelques heures avant la fin des soldes d'hiver, le moral est au plus bas pour les commerçants. © MAXPPP
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avec Mélanie Taravant , modifié à
A quelques heures de la fin des soldes, le moral est au plus bas dans les boutiques.

"Ca ne peut pas continuer comme ça. On va droit dans le mur". Charles Melcer, le président de la confédération des commerçants de France, est loin d’être optimiste au dernier jour des soldes. Celles de cette année resteront comme un cru morose à quelques exceptions près, comme pour l'e-commerce toujours en hausse.

Les soldes à répétition accusées

Des ventes moins bonne faute à la morosité ambiante et au départ tardif du lancement des soldes - ils ont démarré avec une semaine de retard par rapport aux les autres années -. Mais les professionnels incriminent surtout les périodes de promotion à répétition qui selon eux sèment la confusion. Surtout qu’un commerçant sur deux à Paris a fait des promotions avant les soldes pour anticiper la date tardive.

Charles Melcer déplore l’accumulation des "promotions, soldes flottants et autres soldes saisonnières". Car "vous créez un manque de lisibilité au moment de l’achat et ça repousse les achats. On va finir pas acheter n’importe quoi, dans n’importe quelles conditions, du moment que ce n’est pas cher", déplore-t-il.

"Nous, la marchandise, on ne la vole pas !" :

"Il faut qu’il y ait une marge bénéficiaire sur la marchandise. On ne pourra pas tenir longtemps comme ça", assure-t-il. Selon lui, "il faut qu’on revienne au prix sincère". Un prix juste, en quelque sorte.

Pour Bernard Morvan, président de la Fédération Nationale de l'habillement, la météo n'a pas non plus poussé les consommateurs vers les magasins. "Les factures d'énergie, il faudra les payer à un moment. Donc les consommateurs provisionnent aussi pour ces échéances", explique-t-il.

Cette année, ce sont les hommes qui ont été les plus amateurs des soldes. Leurs achats se sont élevés en moyenne à 240 euros, contre 190 euros pour les femmes.

Des chiffres mitigés

Les ventes, par rapport aux soldes d’hiver de l’an passé, sont en baisse chez les petits commerçants. Ils enregistrent -10% dans les boutiques de vêtements et -8% pour les vendeurs de sacs. Pour Evelyne Chabalier de l'Institut français de la mode, la campagne devrait s'achever sur une petite hausse de 1%.

Jean-Michel Silberstein, délégué général du Conseil national des centres commerciaux, table de son côté sur une baisse des ventes de 1%. Et la Fédération nationale de l'habillement parle d'un bilan "autour de 0%, en légère baisse" par rapport à l'hiver 2010.

A la grande surprise des professionnels, un écart significatif est enregistré entre les grands magasins ou les boutiques haut de gamme et les petits magasins. Le luxe au rabais s’est finalement très bien vendu cette année. Au Printemps, par exemple, les soldes d'hiver 2011 sont qualifiés d'"exceptionnels" avec une progression globale de 10%.

L’autre grand gagnant des soldes est internet. Les ventes en lignes continuent de grignoter encore une fois plus de part de marché. Elles ont ainsi grimpées de 13% cette année.