Qui est Jean-Bernard Lévy, le nouveau patron d'EDF ?

Jean-Bernard Levy va succéder à Henri Proglio à la tête d'EDF.
Jean-Bernard Levy va succéder à Henri Proglio à la tête d'EDF. © Reuters
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PRÉSENTATION - Le patron de Thales, passé par Vivendi, va prendre la tête du géant français de l'énergie.

C'est un jeu de chaises musicales qui peut avoir des répercussions sur des millions de foyers. Jean-Bernard Lévy, le patron de Thales, va succéder à Henri Proglio à la tête d'EDF, a annoncé mi-octobre François Hollande, lors du Conseil des ministres, mettant ainsi fin à des semaines de rumeurs. Cette nomination a été officialisée mercredi 26 novembre en Conseil des ministres.

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Une lourde tâche. L’État, actionnaire à 84,5% de l'électricien français, a de facto le dernier mot sur la nomination du patron d'EDF. La désignation du successeur d'Henri Proglio, désigné, lui, en 2009, sous le quinquennat de Nicolas Sarkozy, arrive juste après le vote de la transition énergétique à l'Assemblée. Le texte ne prévoit rien de moins que de réduire de moitié la consommation d'énergie de la France. Et de réduire la part du nucléaire dans notre électricité de 75% aujourd’hui à 50% en 2025. Jean-Bernard Lévy aura la lourde tâche d'adapter la situation d'EDF aux ambitions de la loi.

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Le nouveau dirigeant devra également composer avec la volonté du gouvernement de baisser les tarifs de l'électricité. Le gel des tarifs décidé en août par Ségolène Royal, ministre de l'Energie, a fait perdre près de 500 millions d'euros à EDF.

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Un chef d'entreprise reconnu. À 59 ans, Jean-Bernard Lévy a un CV extraordinaire. Même si ce n'est pas franchement dans le domaine de l'énergie. Ce double diplômé de l'Ecole Polytechnique et de l'Ecole nationale supérieure des télécommunications (ParisTech) a été tour à tour : responsable du département "lignes et transmissions" à la direction opérationnelle des télécommunications (l'ancêtre de France Télécom) d'Angers, directeur des télécommunications spatiales de Matra Marconi Space ou encore président-directeur général de Matra Communication.

Mais il a surtout passé dix des douze dernières années à la tête de Vivendi (médias, télécoms, jeux vidéo), d'abord comme directeur général adjoint puis président du directoire, entre avril 2005 et juin 2012.  Il a contribué à rétablir le groupe, alors en pleine tourmente après le départ de Jean-Marie Messier. Et depuis son arrivée chez Thales en décembre 2012, il n'a eu de cesse de renforcer la présence internationale du groupe. Avec succès : la part des pays émergents a augmenté de +13% dans le carnet de commandes du groupe.

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Seul (petite) ombre à son tableau : son passage à la tête de SFR (filiale de Vivendi à l'époque), en 2012, où il n'a pas pu empêcher les difficultés de l'opérateur après l'arrivée de Free sur le marché des télécoms. Difficultés qu'avaient, à l'époque, connu tous les concurrents du groupe de Xavier Niel.  

Un petit passage en politique. Jean-Bernard Lévy, qui, selon le Huffington Post, a fréquenté le même lycée que François Hollande, n'est pas un étranger de la politique, notamment à droite. En 1986, il devient conseiller technique au cabinet du ministre délégué aux Postes et Télécommunications, Gérard Longuet (UDF). Il poursuit en occupant les fonctions de conseiller pour les affaires internationales et industrielles, toujours pour Gérard Longuet, jusqu'en 1988. Et après un passage chez Matra, il renoue avec la politique en 1993 avec sa nomination comme directeur du cabinet du ministre de l'Industrie, des Postes et des Télécommunications, toujours pour Gérard Longuet puis pour José Rossi.

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Un millionnaire… qui devra s'adapter. Jean-Bernard Lévy a également su accompagner sa réussite professionnelle à la réussite financière. En 2012, il a notamment gagné 8,8 millions d'euros en accumulant ses indemnités de départ de Vivendi (3,9 millions d'euros) et sa rémunération chez Thales (5 millions d'euros). Il était alors le cinquième dirigeant le mieux payé de France. Mais à la tête d'EDF, il devra se "contenter" d'un salaire de 450.000 euros annuel, plafond fixé par le gouvernement de François Hollande. Mais le prestige de participer à la réussite énergétique de la France n'a pas de prix.