Pour la Cour des comptes, le TGV n'est pas assez rentable

Aucune des six liaisons à grande vitesse citées dans le rapport n'a atteint les objectifs de rentabilité annoncés.
Aucune des six liaisons à grande vitesse citées dans le rapport n'a atteint les objectifs de rentabilité annoncés. © Max PPP
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avec AFP , modifié à
BOULETS ROUGES - Selon un rapport révélé par le journal Contexte, spécialisé dans les politiques publiques, aucune des lignes TGV n'atteint ses objectifs.

Rentable, le TGV ? Apparemment pas tant que ça. La Cour des comptes pointe les dérives de la gestion du réseau des trains à grande vitesse (TGV), dans un rapport qui doit être présenté jeudi prochain, et dont les principales conclusions sont publiés vendredi soir par le journal spécialisé Contexte

Aucune des six liaisons à grande vitesse citées dans le rapport n'a atteint les objectifs de rentabilité annoncés, selon un article intitulé "l'asphyxie du modèle français de la grande vitesse", publié sur le site internet du journal, qui cite en exemple les lignes LGV Nord et LGV Méditerranée.

La Cour des comptes de confirme pas. Jointe samedi par l'AFP, la Cour des comptes s'est refusée à confirmer le contenu de l'article.

Selon le journal, la ligne LGV Nord atteindrait une rentabilité de 3%, contre 12,9% initialement envisagés, et la LGV Méditerranée 4,1%, soit deux fois moins que prévu. La rentabilité des futurs investissements pêche elle aussi par "optimisme", poursuit Contexte, qui indique, en citant la Cour des comptes, que pour évaluer la fréquentation de la portion Poitiers-Limoges, RFF (Réseau ferré de France) "exagère significativement le niveau des trafics".

TGV 3e génération

© Alstom Transport

Une rentabilité passé de 29% à 12%. Par conséquent, "la rentabilité attendue est elle aussi biaisée", note Contexte. Ces erreurs impliqueraient un apport de subventions pouvant "aller jusqu'à 80%" pour faire fonctionner la ligne TGV. "On constate que les annonces politiques, à haut niveau, confortent solidement les projets avant même que soient menées à bien les phases préliminaires", poursuivent les magistrats de la rue Cambon, cités par le journal.

Entre 2008 et 2013, le taux de marge enregistré par l'entreprise dans la grande vitesse est passé de 29% à 12% du chiffre d'affaires", rappelle Contexte. "Le risque est grand de voir le transporteur national aborder l'inéluctable ouverture à la concurrence de son activité voyageurs dans une position de faiblesse préjudiciable à son avenir", ajoute le rapport, cité par Contexte. La SNCF doit "restaurer la marge opérationnelle de l'activité grande vitesse", préconise la Cour, en s'inquiétant d'une "trajectoire peu soutenable".

La faute à RFF ? "Ce qui est dit dans le rapport c'est qu'après trente années de succès du TGV, au fur et à mesure que l'on étend ces lignes à grande vitesse, elles sont de moins en moins rentables et que leur coût, essentiellement l'activité de péage (droit d'utilisation de la ligne versé à RFF, ndlr), vient obérer l'activité ferroviaire elle-même", rétorque pour sa part Barbara Dalibard, directrice générale de la branche SNCF Voyages, qui a seulement eu "des versions intermédiaires" du rapport. Le TGV a contribué "de plus en plus fortement à alimenter le système ferroviaire au travers de ces péages, c'est ce qui rend le modèle TGV fragile aujourd'hui", ajoute-t-elle.  "Hors péage", se défend Barbara Dalibard, la SNCF a "stabilisé même en période de crise [sa] profitabilité".  "Ce que dit la Cour des comptes c'est que l'on est arrivé à la limite du système, c'est un point sur lequel on est d'accord", résume-t-elle.