Pirelli : un fleuron italien en passe de devenir chinois

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RACHAT - En perte de vitesse, le fabricant de pneus va être racheté par le chinois ChemChina.

C’est une opération boursière comme il en arrive toutes les semaines mais celle-ci a quelque chose de particulier en raison de son caractère symbolique : le fabricant de pneus Pirelli, symbole de l’industrie italienne, est en passe de devenir chinois. Un accord avec le géant chinois ChemChina a été dévoilé dimanche soir, marquant un virage stratégique pour une entreprise pas comme les autres.

Pirelli, un symbole de l’Italie. Fondé en 1872 à Milan, le fabricant de pneumatique est un peu plus qu’une simple entreprise, d’abord en raison de son poids : Pirelli pèse 7 milliards d'euros de capitalisation boursière et a réalisé 6 milliards d’euros de chiffre d’affaires en 2014. Pas mal pour une entreprise qui a commencé dans la conception de pneus de vélo.

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Au-delà du savoir-faire industriel transalpin, Pirelli c’est aussi l’art de vivre italien : la marque s’est fait connaitre pour son célèbre calendrier et s’affiche depuis une vingtaine d’années sur le maillot de l’Inter Milan, l’un des principaux clubs italiens de football. Bref, Pirelli c’est l’Italie, au même titre que Barilla, Lavazza, Campari ou encore Ferrari. Mais tout cela appartiendra bientôt au passé.

Un partenariat avec ChemChina aux allures d’OPA. La firme transalpine vient en effet d’entamer une mue : elle a annoncé dimanche avoir conclu un "partenariat industriel à long terme" avec la société CNRC, contrôlée par le groupe chinois ChemChina. Ce dernier deviendra de facto le premier actionnaire de l’entreprise et sera donc aux manettes à partir de l’été 2015.

La maison-mère de Pirelli, Camfin, a cependant tenu à se montrer rassurante : "le siège et le savoir-faire de Pirelli seront maintenus en Italie" et leur éventuel déplacement ailleurs demandera une "majorité renforcée".

Quel avenir pour Pirelli ? Mais pourquoi ses actionnaires ont-ils décidé de vendre une entreprise aussi symbolique pour l’Italie ? Tout simplement parce que, même si elle a préservé les apparences en devenant l’équipementier officiel du championnat de Formule 1, l’entreprise perd du terrain. Le marché des pneumatiques est en effet dominé par le trio Bridgestone-Michelin-Goodyear, qui représente 40% du marché mondial. Mais cette part ne cesse de reculer face à la concurrence low cost venue d’Asie et si le trio de tête arrive à s’adapter à ce nouveau contexte, les autres marques historiques sont à la peine.

Pirelli doit donc changer pour rebondir et espère avoir trouvé dans ChemChina le partenaire idéal : "le partenariat avec un acteur global comme ChemChina représente une grande opportunité pour Pirelli. L'approche de CNRC en matière d'affaires et de vision stratégique garantit le développement et la stabilité de Pirelli", a commenté le PDG de Pirelli. Car l’entreprise va profiter de ce rachat pour mener une vaste réorganisation : Pirelli envisage de se recentrer sur le haut de gamme et de déléguer à son nouveau propriétaire tout le secteur du bas et moyen de gamme, qui serait produit en Chine.

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Pirelli racheté par les Chinois ?par Europe1fr