PDG de Spanghero : "ce n'est pas nous"

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Walid Berrissoul et Sophie Amsili , modifié à
EXCLU - Il nie être responsable du scandale de la viande de cheval. Benoît Hamon maintient ses accusations.

"La magouille, elle vient d'ailleurs." Le groupe français nie toute responsabilité dans le scandale de la viande de cheval, alors que le gouvernement l'accuse de "tromperie économique". Joint par téléphone par Europe 1, le PDG s'exprime pour la première fois depuis le scandale. Il se dit sidéré et se défend : "je ne sais pas qui c'est mais ce n'est pas nous [qui avons fraudé]", soutient Barthélémy Aguerre, se décrivant comme une "victime du schéma". "La viande qui arrivait chez nous a toujours porté l'étiquette de bœuf !", assure-t-il. "On a analysé des pains de viande. On a trouvé dans certains du boeuf et du cheval mélangés. Ce qui prouve bien que ce n'est pas Spanghero qui a fait la magouille. La magouille, elle vient d'ailleurs."

"Une petite négligence". Cependant, pour la première fois, Barthélémy Aguerre reconnaît une négligence : "Il y a là peut-être une petite négligence : nous avons mis UE, au lieu de UE-Roumanie. Nous n'avons pas mis Roumanie. On peut nous le reprocher."

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"Je vais me battre". "Le gouvernement est allé un peu vite parce que ça met en grande difficulté l'entreprise", reproche-t-il, qualifiant Benoît Hamon, le ministre délégué à la Consommation, qui a révélé les résultats de l'enquête, d'"imprudent". Spanghero, qui s'est vu retirer son agrément sanitaire, ne peut plus rien produire pendant 8 jours. "Je ne sais pas si on pourra se relever", admet Barthélémy Aguerre, même s'il dit attend vendredi matin "une solution" pour son entreprise qui emploie 360 salariés, aujourd'hui au chômage technique. "Je pense que je vais faire la preuve de notre innocence, de mon innocence en tout cas, et de celle de nos collaborateurs", annonce-t-il. Dans un communiqué, le groupe agroalimentaire est même allé plus loin, accusant le gouvernement de "condamner à mort" les salariés du groupe.

"Il se passe quelque chose chez Spanghero". Benoît Hamon reste, lui, suspicieux. Invité sur Europe 1 vendredi matin, le ministre a estimé qu'"il y a[vait] suffisamment de faits pour qu'a minima on ait commis de très grosses négligences" chez Spanghero. "Il se passe quelque chose chez Spanghero. Est-ce qu'il y a une responsabilité, un lien, une complicité avec le trader néerlandais ? Je n'en sais rien à cette étape, cela dépendra des investigations des autorités néerlandaises." Le ministre reconnaît qu'"il ne [lui] revient pas de dire qui est coupable. Il revient à la justice d'investiguer à partir des documents que nous lui avons versés. Il fallait faire la transparence."

Le fondateur de Spanghero déshonoré. De son côté, le fondateur du groupe, Laurent Spanghero, accuse Barthélémy Aguerre d'être le seul coupable et se dit "plongé dans le déshonneur". Il a cédé il y a quatre ans l'entreprise qu'il avait créé en 1970 et qui était alors en grande difficulté financière. "Ma première pensée va vers les 360 salariés de l'entreprise, j'en ai vu naître certains. Ma seconde pensée va vers nos enfants et petits-enfants qui portent notre nom. Nous sommes aujourd'hui plongés dans le déshonneur", a-t-il déclaré. "Ce nom est tellement déshonoré que je ne sais pas si on pourra le réhabiliter." Selon lui, "il n'y a pas cinquante responsables dans cette affaire. Il n'y en a qu'un seul : le patron, point."