Outre-mer, les stations-service sont vides

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Alexis Toulon avec AFP , modifié à
Le gouvernement veut lutter contre la vie chère loin de la métropole, mais les pétroliers refusent de baisser leurs marges.

Faire le plein de carburant plombe le porte-monnaie. Outre-mer, la facture est encore plus élevée. Afin d’éviter cette disparité entre les territoires, le gouvernement souhaite réguler la filière des carburants. En réponse, la très grande majorité des gérants des stations-services des départements d'outre-mer - Guadeloupe, Martinique, Guyane, Réunion et Mayotte - ont répondu jeudi à l'appel de l'intersyndicale et fermé leur entreprise. La pénurie de carburant commence à se faire sentir.

Une essence trop chère. Le bras de fer semblait donc bien engagé entre les pétroliers et le gouvernement, qui veut réduire leurs marges jugées excessives dans les DOM (entre 15 et 22%) au nom de la "lutte contre la vie chère", feuille de route fixée par le président François Hollande. La filière carburant outre-mer estime à environ 5 centimes sa marge nette pour un litre de carburant d'environ 1,40 euro.

Des pompes fermées. Les stations-services étaient toutes fermées. Les préfets ont commencé à organiser les réquisitions pour assurer les services prioritaires, comme les ambulances, les pompiers etc. En Guyane, des pompes ont ouvert le jeudi matin et les cuves ont rapidement été vidées.

Une population prévoyante. A quelques exceptions près à Mayotte, les habitants des DOM s’étaient montrés prévoyant et avaient fait le plein mardi et la circulation n’est pas encore problématique. Les acteurs économiques ont commencé à exprimer leur inquiétude si le mouvement devait durer.

Le service minimum assuré. Les préfectures ont déjà organisé des réquisitions pour assurer l'approvisionnement des services prioritaires comme les pompiers, ambulances, etc. Les gérants avaient aussi décidé de bloquer la livraison du kérosène à l'aéroport de la Réunion, mais le préfet Jean-Luc Marx a réquisitionné le dépôt de carburant de la Société réunionnaise des produits pétroliers (SRPP) qui détient le monopole de la distribution d'essence et du gaz. Celle-ci devra "assurer le remplissage" des camions-citernes chargés de ravitailler les stations-service et l'aéroport Roland-Garros.

Un mouvement manipulé ? "Ce sont les compagnies pétrolières qui tirent les ficelles de ce mouvement. Les gérants n'ont aucune marge de manoeuvre", a déclaré Jocelyn Cavillot, secrétaire général de Sud et président de la commission carburant à l'Observatoire des prix de la Réunion, qui relève aussi qu'en "provoquant la ruée sur les pompes, les gérants ont encaissé en deux jours des recettes qui leur permettent de fermer sans rien perdre".

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