Obama, le survivant de la crise

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Sophie Amsili , modifié à
L'exploit est là : la crise n'a pas eu raison d'Obama, contrairement à ses homologues européens.

Grande-Bretagne : Gordon Brown, juin 2007 – mai 2010
Irlande : Brian Cowen, mai 2008 – mars 2011
Danemark : Lars Løkke Rasmussen, avril 2009 – oct 2011
Portugal : José Sócrates, mars 2005 – juin 2011
Italie : Silvio Berlusconi, mai 2008 – novembre 2011
Grèce : Georges Papandreou, october 2009 – novembre 2011
Espagne : José Luis Rodriguez Zapatero, avril 2004 – décembre 2011
France : Nicolas Sarkozy, mai 2007 – mai 2012

La liste des dirigeants tombés au combat depuis deux ans à cause de la crise est longue. Réélu dans la nuit de mardi à mercredi, Barack Obama réussit l'exploit de ne pas s'y ajouter. Une exception avec le Premier ministre canadien Stephen Harper, reconduit en mai 2011 après une motion de censure du Parlement. "Si on regarde les photos des premiers G8 et G20 de l'ère Obama, il y avait autour de la table Sarkozy, Zapatero, Gordon Brown, Berlusconi. Ils ont tous été éliminés par la crise, Obama est le seul survivant", rappelait Anne Sinclair au micro d'Europe 1 mercredi matin.

Son bilan économique, un handicap

"It's the economy, stupid", avait résumé James Carville, conseiller de Bill Clinton, pour souligner l'importance de la situation économique dans l'issue de toute élection. Et pour celle-ci en particulier, l'Amérique étant plongée dans sa pire crise depuis les années 1930. Mais le premier mandat de Barack Obama se termine sur un bilan économique en demi-teinte. Comme en 2008, le chômage touche environ 8% d'Américains. Aucun président n'a été réélu avec un tel taux depuis la Seconde Guerre mondiale, souligne la presse américaine. La croissance a, elle, stagné à 1,7% en 2011 et ne devrait pas franchir la barre des 2% cette année. Le revenu annuel moyen par ménage a, lui, reculé de 55.000 à 51.000 dollars. Quant à la dette, elle continue de se creuser, à 16.000 milliards de dollars.

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Mais les Américains ont reconnu les efforts de leur président pour redresser le pays, notamment son plan de soutien au secteur automobile, sa loi Dodd-Frank de régulation du secteur bancaire et sa réforme Obamacare qui apporte une couverture santé à 32 millions d'Américains. Surtout, Barack Obama a réussi à contenir une crise déclenchée avant son arrivée et qui décime l'Europe.

Obama "a réussi"

"C'est une victoire plus courte que celle d'il y a quatre ans, mais dans un sens plus exceptionnelle, vu les circonstances économiques, estime d'ailleurs Robert Malley, ancien conseiller de Bill Clinton et proche de Barack Obama sur Europe 1. Cette fois ci, il a dû convaincre les Américains, non pas en leur offrant le rêve, mais en leur offrant la réalité. Il a réussi."

"Le progrès est difficile. Le changement peut être lent", avait lancé Barack Obama. Les Américains l'ont écouté en lui accordant un mandat supplémentaire. Le président devrait être rassuré : les analystes s'accordent sur le fait que les Etats-Unis devraient se porter mieux dans quatre ans qu'aujourd'hui. "Peu importe qui gagne l’élection, écrivait l'agence Bloomberg lundi, l’économie est partie pour connaître une croissance plus rapide au cours des quatre prochaines années, les vents contraires qui la retenaient étant en train de se transformer en vents arrières."