Nest : un thermostat révolutionnaire ?

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Noémi Marois , modifié à
CONSOMMATION - Ce thermostat dit « intelligent » est commercialisé jeudi par Google. Et il pourrait vous faire économiser jusqu’à 30% sur vos factures.

Il sera jeudi dans les rayons des magasins et il devrait intéresser tous ceux qui pestent contre des factures de chauffage trop élevées. Le thermostat intelligent de Nest se lance à la conquête de l’Hexagone après l’Amérique du Nord et le Royaume-Uni. Fondé par deux anciens d’Apple en 2012, Nest a été racheté par Google en 2014. Est-ce un énième objet connecté ou bien un outil révolutionnaire ? Et quid de la gestion des données personnelles ? 

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Comment ça marche ? Le thermostat de Nest a quelque chose en plus par rapport à un thermostat classique : il va apprendre de vos habitudes, d’où son nom en anglais, Learning Thermostat.

"C’est pour cela que la première semaine d’utilisation est importante", explique à Europe 1 Maxime Veron, directeur produit marketing de Nest, "il va falloir alors régler manuellement le thermostat Nest et à partir de là, il va analyser votre rythme de vie et s'adapter". Autrement dit, si vous réglez à la baisse votre chauffage tous les matins à 7 heures en partant au travail, au bout d’une semaine, Nest le fera automatiquement.

Et si vous rentrez plus tôt que prévu du travail et que vous craignez d’avoir froid une fois chez vous, sachez que Nest, objet connecté, se commande via votre smartphone. 

Enfin, le Learning Thermostat peut se connecter à d’autres objets que le téléphone. Aux États-Unis et au Canada, il peut communiquer en réseau avec votre voiture. Par exemple, si vous rentrez de vacances, le Learning Thermostat sait que votre véhicule approche du domicile et augmente de lui même le chauffage.                                                                                                                                                                  

380 euros économisés pour une maison de 100 m2. Rappelant que les foyers français consomment en moyenne 1.600 euros en chauffage chaque année, Maxime Veron avance que le thermostat Nest permet d’économiser entre 13 et 31% sur sa facture et cite deux exemples basé sur des études : "pour un appartement de 70 m2 bien isolé à Paris, c’est 73 euros de moins sur sa facture. Et si vous avez une maison de 100m2 à Lille, c’est 380 euros de gagné". Attention cependant, le Learning Thermostat n’est pas adapté au chauffage électrique, ce qui exclut de fait la moitié des foyers français.

Bon pour l’environnement ? "On ne peut que se réjouir de la direction dans laquelle on va", explique à Europe 1 Patrice Geoffron, professeur à Paris Dauphine, spécialiste en économies d’énergie. "Si nous voulons réussir la transition énergétique, il faut créer de nouveaux outils de pilotage dont le thermostat Nest est un exemple", ajoute-il. 

De plus, le professeur précise que pour réussir, "la transition énergétique ne doit pas être vue comme une contrainte. Avec ce thermostat, c’est proposer aux gens de faire un effort sur les économies d’énergie tout en accédant à plus de confort. C’est donc positif". 

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Mais si les températures de dehors chutent ? Si vous faites l’acquisition d’un thermostat Nest, il faudra fournir  votre code postal pour permettre à  Nest de connaître les températures extérieures. À partir de là, le Learning Thermostat régule le chauffage en fonction du climat. Il se cale aussi sur les prévisions. Grand froid prévu cette nuit ? Pas la peine de lui commander deux degrés en plus, il le fera tout seul. 

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Le hic, son coût. À 219 euros, le Learning Thermostat n’est pas à la portée de toutes les bourses. Il faut aussi compter une petite centaine d’euros pour le faire installer. Pour Patrice Geoffron, vu le prix de vente, "ce sont ceux qu’on appelle les early adopters qui vont d’abord l’acheter, des gens qui ont déjà cherché à améliorer l’isolation de leur logement". Si l’objet fonctionne et permet de réelles économies, son prix finira par baisser.

L’autre hic, les données personnelles. Le Learning Thermostat va connaître beaucoup mais vraiment beaucoup de choses sur vos habitudes de vie. Maxime Veron de Nest se veut rassurant : "Les données récoltées sont utilisées pour servir le client, elles ne sont pas données à Google". 

La Commission nationale de l'informatique et des libertés (Cnil) est formelle : une entreprise qui commercialise un objet connecté se doit d’informer les acheteurs sur la gestion de leurs données personnelles. Elle alerte aussi sur la sécurisation des données, stockées sur des serveurs : "il existe toujours un risque de piratage". La Cnil informe aussi les consommateurs sur l'utilisation des objets connectés et le partage modéré qu'ils doivent faire de leurs données personnes.

De son côté, Nest fait le service minimum : sur son Guide de bienvenue qui accompagne le thermostat, un lien renvoie sur le site internet du Learning Thermostat, où on trouve la politique de confidentialité de Nest.

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