Les ventes à découvert interdites en France

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Europe1.fr décrypte cette technique spéculative qui profite des chutes boursières.

Après deux semaines de panique sur les places boursières, quatre Etats ont décidé d’essayer de limiter la spéculation en interdisant temporairement les "ventes à découvert". La France, l'Italie, l'Espagne et la Belgique vont restreindre pour deux semaines cette pratique spéculative complexe, a annoncé jeudi l'ESMA, le régulateur financier européen. Un mouvement que le gouvernement allemand a annoncé vouloir suivre vendredi, se positionnant en faveur d'une interdiction des ventes à découvert dans toute l'Europe, a indiqué vendredi le ministère allemand des Finances.

Qu'est-ce qu'une vente à découvert ?

Grâce aux ventes à découvert, il est possible de gagner de l’argent lorsque la bourse va mal. Cette technique consiste à emprunter pour un court laps de temps des actifs (actions, emprunts d’Etat, etc.), afin de les vendre puis les racheter rapidement. Si les cours ont baissé entretemps, le financier empoche la différence.

L’exemple de la Société Générale

L’exemple le plus frappant de la semaine est celui de la Société Générale. Un trader observe que cette banque est malmenée par les marchés et parie que cela va continuer. Il demande alors à un investisseur de lui prêter des actions Société générale pour "vendre à découvert".

Lundi 8 août au matin, le trader vend les actions qu’on lui a prêtées : elles valent 27 euros chacune. Mercredi soir, la chute du CAC 40 a fait baisser le prix de l’action à 22 euros : il rachète alors le même nombre d’actions pour les rendre à son prêteur. Résultat : il a réalisé un gain de 5 euro par action. Il "suffit" alors d’appliquer cette technique sur un millier d’actions en même temps pour empocher 5.000 euros en l’espace de trois jours.

Pourquoi les interdire ?

Pourquoi interdire les ventes à découvert ? Parce que ce mécanisme spéculatif ne fonctionne que lorsque les cours boursiers chutent. Les financiers qui y ont recours n’ont donc aucun intérêt à ce que la chute des bourses s’arrête, quitte à ne pas démentir les fausses rumeurs qui circulent. L’interdiction temporaire des ventes à découvert n’est pas une première : elles avaient déjà été suspendues dans plusieurs pays pendant la crise financière de 2008-2009. Certains chefs d’Etat avaient même envisagé de les proscrire définitivement, en vain.

Autre reproche, les ventes à découvert aggravent les crises : en vendant de nombreuses actions dont le cours est déjà en baisse, un trader aggrave encore un peu plus la chute de son cours. Enfin, un trader recourant aux ventes à découvert n’a aucun intérêt à démentir ou stopper la diffusion d’une fausse rumeur qui fait chuter les cours. Pire, il peut même être tenté de discréditer une entreprise pour faire chuter le cours de son action.

Vers une interdiction dans toute l'Europe ?

Vendredi, l'Allemagne, la France, l'Espagne, la Belgique et l'Italie ont défendu une interdiction généralisée à toute l'Union européenne. La Commission européenne a même déclaré être près de conclure un accord pour créer un cadre harmonisé sur les ventes à découvert.

Mais les autorités britanniques ont affirmé vendredi n'avoir nullement l'intention d'interdire les ventes à découvert au Royaume-Uni. Une réponse très claire venue du porte-parole du gendarme britannique du secteur financier, le FSA.