Les retraites complémentaires dans la spirale de la rigueur

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ARGENT - Les partenaires sociaux négocient une réforme des régimes Agirc et Arrco. Un tour de vis est à prévoir, bien que les retraités aient déjà beaucoup perdu.

Les régimes de retraites complémentaires Agirc et Arrco sont dans le rouge : ils reçoivent beaucoup moins d’argent des actifs qu’ils n’en versent aux retraités. Une réforme s’impose donc, si bien que les partenaires se sont réunis mardi pour un premier round de négociations. Patronat et syndicat ont quatre mois pour trouver un accord mais la tendance générale est déjà connue : les retraites complémentaires ont de fortes chance d’être moins élevées qu’auparavant. Mais cette austérité a-t-elle toujours été de mise ?

L'Agirc et l’Arrco, un complément indispensable. En plus du régime de base, les salariés cotisent aussi pour des retraites complémentaires. L’Agirc est l’organisme qui gère la complémentaire des cadres, tandis que l’Arrco s’occupent de tous les salariés du privé. La retraite complémentaire que versent ces organismes est tout sauf un bonus pour les retraités : elle représente 30% des revenus d’un salarié du privé retraité et même 60% pour un cadre retraité.

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Une réforme est en cours. Ces régimes font face aux mêmes défis que le régime général des retraites : les retraités sont de plus en plus nombreux et vivent de plus en plus longtemps, alors que le nombre d’actifs stagne et que le chômage reste à un niveau élevé. Résultat, les dépenses sont plus importantes que les recettes : l’Agirc et l’Arrco ont enregistré un déficit cumulé de 1,65 milliards d’euros en 2013, un déséquilibre qui n’est pas viable dans un système de retraite par répartition comme celui de la France.

Syndicats et patronat négocient donc depuis mardi une nouvelle réforme avec des solutions radicalement différentes : le patronat propose de repousser l’âge auquel un retraité pourra toucher sa pension complémentaire, tandis que les syndicats militent, entre autres, pour une hausse des cotisations patronales.

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© PHILIPPE HUGUEN/AFP

L’austérité n’a pas toujours été de mise. Si on ignore quelle sera l’issue des négociations entre partenaires sociaux, il y a fort à parier que les retraités risquent de toucher un peu moins d’argent et les actifs de cotiser un peu plus.Un tour de vis qui fait suite à une succession de réformes des retraites qui tournent rarement à l’avantage des employés. L’impression qui en ressort, c’est que depuis deux décennies les retraites sont à chaque fois de moins en moins avantageuses.

Pour le vérifier, Europe1.fr a comparé l’évolution des prix à la consommation - l’inflation -, et l’évolution d’un point de retraite dans le régime Agirc. L’infographie ci-dessous montre que le régime complémentaire des cadres n’a pas toujours été à la diète : la retraite complémentaire des cadres a connu un âge d’or entre 1954 et 1973, date du premier choc pétrolier. Puis l’évolution d’un point de retraite a globalement suivi le niveau de l’inflation, avant que l’austérité ne soit de mise à partir de 1993 et la réforme Balladur.

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© INFOGRAM/GABRIEL VEDRENNE

Pour lire l’infographie : les zones vertes indiquent lorsque la valeur d’un point de retraite complémentaire augmente plus vite que l’inflation : les retraités sont alors les gagnants. A contrario, les zones rouges indiquent lorsqu’un point de retraite complémentaire évolue moins vite que l’inflation : les retraités sont alors perdants.

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Quel avenir pour les retraites complémentaires ?par Europe1fr