Les producteurs d'œufs sont en colère

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Sophie Amsili avec AFP , modifié à
Un collectif a cassé 100.000 œufs et compte renouveler l'opération chaque nuit pour faire remonter les cours.

L'action. 100.000 œufs détruits sur la voie publique. Ce triste spectacle offert dans la nuit de mardi à mercredi dans deux communes de Bretagne pourrait se renouveler quotidiennement. Des producteurs d'œufs ont en effet annoncé leur intention de casser chaque nuit 100.000 œufs afin de protester contre la faiblesse des cours.

L'action s'est déroulée "dans les Côtes d'Armor (…) chez Lidl [le distributeur hard-discount, ndlr]à Ploumagoar et sur un rond-point de Bourbriac", a indiqué un porte-parole du collectif informel de producteurs en colère. La permanence à Loudéac du député UMP des Côtes d'Armor, Marc Le Fur, a par ailleurs été taguée et recouverte notamment de l'inscription "Œuf on crève".

"5% de la production" à détruire.  Pour faire remonter les cours, le collectif indique donc vouloir détruire 100.000 œufs par jour qui correspond à "5% de la production" des aviculteurs concernés. "Nous appelons les grandes organisations d'acheteurs à en faire autant et à détruire eux aussi 5% de leurs stocks", ajoute un porte-parole. "Au niveau national" aussi, le collectif demande cette réduction de 5% de la production, et la "mise à disposition par l'Etat d'un endroit pour détruire ces œufs" avec "contrôle et suivi de la disposition".

"Sans suivi de cette action" d'ici "dimanche", une "radicalisation du mouvement va arriver avec obligatoirement des dommages collatéraux", prévient le collectif. "Nos élevages et nos familles sont exsangues".

Des prix "tirés vers le bas". Les producteurs d'œufs protestent depuis plusieurs mois contre la faiblesse des cours."Le prix moyen payé aux producteurs est tombé à 75 centimes le kilo (soit 4,57 centimes par œuf, ndlr) alors que le prix de revient est de 95 centimes", estime Yves-Marie Beaudet, président de la section œufs de l'Union des groupements de producteurs de viande de Bretagne et des Pays de Loire (UGPVB), qui représente 40% de la production française d'œufs. Si l'UGPVB ne s'associe pas aux opérations coup-de-poing, elle appelle, elle aussi, à réduire la production d'œufs .

"L'offre est excédentaire et, malgré les prix de revient très élevés, la grande distribution et l'industrie tirent constamment les prix vers le bas", souligne Yves-Marie Beaudet. Résultat, les producteurs affirment ne plus être en mesure de couvrir la hausse des coûts de production et surtout d'amortir d'importants investissements pour appliquer une directive européenne sur le bien-être des pondeuses, entrée en vigueur en janvier 2012.

D'après l'UGPVB, l'Union européenne souffre d'un excédent de "15 à 20 millions" de pondeuses, sur un total d'environ 350 millions. "C'est pourquoi nous avons réduit notre production de 7% depuis avril et envisageons une nouvelle baisse de 5% pour soutenir les cours", explique Yves-Marie Beaudet. "Il est hors de question de continuer à laisser spéculer sur le prix de l'œuf", conclut-il.