Les pays de la zone euro se penchent sur le cas grec

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NEGOCIATION - Les pays de la zone euro se retrouvent lundi pour se pencher sur le cas de la Grèce et ses nouvelles velléités.

Les discussions s’annoncent tendues. Après l’échec des dernières discussions, jeudi dernier, les pays de la zone euro se retrouvent lundi à Bruxelles pour trouver une position commune sur la Grèce. En effet, Athènes va très rapidement manquer d’argent frais mais souhaite revoir les règles du jeu fixées par ses créanciers en échange du versement d’une nouvelle aide. Une nouvelle ligne de conduite qui irrite de nombreux Etats européens et complique un peu plus des négociations déjà difficiles. Europe1.fr vous résume les principaux enjeux de cette réunion de la dernière chance de l’Eurogroupe.

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L’enjeu immédiat : la Grèce bientôt à sec. Si les réunions consacrées au patient grec se succèdent, c’est que le temps est compté : le programme d’aide dont bénéficie Athènes doit prendre fin le 28 février prochain mais le pays est loin d’être rétabli. Il risque donc d’avoir toutes les peines du monde à se financer, d’autant qu’il doit prochainement rembourser plusieurs prêts. Pour éviter le pire des scénarios, un défaut de paiement et une sortie de la monnaie commune, la Grèce a donc besoin d’argent frais mais, vu son passif, elle a du mal à convaincre les investisseurs de lui en prêter.

Athènes doit donc se tourner vers les pays de la zone euro, qui sont désormais son principal créancier, mais se heurte à un problème de taille : ces derniers ne prêteront aucun euro supplémentaire tant que la Grèce n’aura pas achevé les réformes qu’elle avait promises en échange du dernier plan d’aide. D'autant que d'autres pays européens en difficulté, qui ont eux cumulé austérité et réformes structurelles, estiment que la Grèce ne peut bénéficier d'un traitement de faveur.

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L’enjeu à moyen terme : la dette et le débat "austérité vs relance". Pour régler l’urgence, la Grèce et les pays de la zone euro doivent donc se mettre d’accord sur la feuille de route des prochains mois. Un débat tout aussi compliqué, tant les points de vue sont éloignés.

Premier dossier : la colossale dette grecque, qui a déjà été en partie annulée mais représente encore 175% de son PIB, soit 315 milliards d'euros. Pour retrouver des marges de manœuvre, Athènes souhaitait à nouveau en effacer une partie mais a essuyé un refus catégorique des autres Européens, qui lui ont prêté 240 milliards d’euros depuis 2010. Désormais, la Grèce demande donc non plus un effacement mais un rééchelonnement de son remboursement : en clair, un peu plus de temps pour rembourser, voire à des taux revus à la baisse.

Deuxième dossier : la poursuite des réformes. Si la Grèce s’est retrouvée au bord du gouffre, c’est qu’elle a vécu au-dessus de ses moyens alors même qu’elle n’arrivait pas à remplir certaines de ses missions régaliennes de base : établir un cadastre, lever l’impôt, limiter la corruption, etc. Pour situer l'ampleur de la tâche, la Grèce n'a mené en 2013 que 30 contrôles fiscaux sur tout son territoire, rapportait fin janvier Le Canard Enchainé. Les Européens estiment donc qu’Athènes doit terminer les réformes promises, quitte à obtenir un nouveau délai. Sauf qu’Alexis Tsipras remet en cause les promesses du gouvernement précédent : il réclame un nouveau contrat et veut renoncer à certaines réformes, celles jugées "antisociales", pour les remplacer par de nouvelles, plus en accord avec sa ligne politique.

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Les Européens condamnés à réussir une mission impossible. Les négociations entre la Grèce et ses partenaires européens s’annoncent compliquées et les dernières déclarations n’encouragent pas à l’optimisme. "Je m'attends à des négociations difficiles", a déclaré le Premier ministre grec, Alexis Tsipras, dans un entretien dimanche au magazine allemand Stern. "D'après ce que j'ai entendu dire des négociations techniques au cours du week-end, je suis très sceptique", a renchéri  lundi le ministre allemand des Finances, Wolfgang Schäuble.

Tous les acteurs assis autour de la table n’ont pourtant pas le choix : faute d’accord, la Grèce pourrait se retrouver en défaut de paiement et sombrer dans une crise encore plus grave que celle qu’elle traverse. Et sans nouvelle aide financière, Athènes aura bien du mal à trouver les moyens de mener la politique de relance promise par Syriza. Quant aux Européens, ils ne peuvent ignorer leur voisin grec : un défaut de paiement d’Athènes risquerait de relancer les attaques spéculatives contre toute la zone euro et affaiblirait les pays en rémission que sont le Portugal, l’Irlande ou l’Espagne. Avec, à la clef, le risque d’une nouvelle crise généralisée.

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